14 mai 2023 - Le Républicain
A Saint-Médard-d'Eyrans, en Gironde, la LGV Bordeaux-Toulouse devrait passer au cœur de la commune. Rue des Fauvettes, la moitié d'un quartier doit disparaître. Reportage.
Michel Lopez, de l’association LGVEA, et Monique Valverde, habitante de la rue des Fauvettes, positionnée sur le tracé de la LGV. ©Margot Delpech/Le Republicain Sud-Gironde
Rue des Fauvettes, à Saint-Médard-d’Eyrans (Gironde), sept maisons sont situées sur le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse. Les expropriations ont débuté. Les maisons doivent être rasées. À quelques mètres, Monique Valverde n’est pas concernée. Pourtant, la LGV passera bien devant son pas-de-porte. « C’est le projet d’une vie qui est anéanti », résume Monique Valverde.
Avec son mari René, ancien agent SNCF, ils ont acheté « ce petit coin de paradis » à l’époque où il n’y avait pas grand monde à Saint-Médard-D’Eyrans. C’était en 1987. « On est venus dans ce village où il n’y avait quasiment rien, on fait partie de ces gens qui ont redynamisé la commune », raconte l’habitante de Saint-Médard. Depuis 36 ans, avec son mari, ils ont choyé ce foyer familial, du sol au plafond. « On a même un vrai four à pain », se réjouit-elle.
« Nous ne vivrons pas là comme des rats devant ça ! »
Mais le ton change quand on aborde cette fameuse ligne grande vitesse. La Saint-Médardaise soupire :
On a un sentiment de viol, de passage en force. Ils s’en foutent de la vie des gens.
Monique Valverde
Elle qui espère que cette ligne ne voit jamais le jour pointe du doigt le passage des trains déjà existants juste en face de chez elle. « Regardez, ils sont tous vides. Vous avez vu, on est obligés de s’arrêter de parler quand un train passe car on ne s’entend pas. Imaginez la LGV à 300 km/h ici. C’est impensable. L’aspect humain est complètement secondaire. »
Le jour de notre rencontre, le président de l’association LGVEA, Michel Lopez, l’invite à la prochaine manifestation le 3 juin à Saint-Médard.
Objectif : réunir le plus de monde possible pour faire entendre leur position. Monique sera de la partie. « Cette maison ne vaudra plus rien si on a la LGV ici. Elle ne sera ni vendable, ni louable. On aura fait tout ça pour rien avec mon mari ? 30 ans de travaux, à galérer pour avoir une belle maison…Non, nous ne vivrons pas là comme des rats devant ça ! »
Pour ceux qui resteront là, l’association LGVEA prévient : « Les taxes tomberont. Ceux qui resteront vont payer cher pour des nuisances à vie. »