2 mai 2023 - Sud Ouest
Gilles Savary est l’invité de la Communauté d’agglomération Pays basque, mercredi 3 mai, à Bayonne.© Crédit photo : Archives « Sud Ouest »
« La Ville inaccessible, essai sur une fabrique des gilets jaunes » est le dernier ouvrage de Gilles Savary, homme politique girondin spécialiste des politiques de transport.
Avant de présenter son ouvrage et les fractures entre villes et périphéries, mercredi 3 mai, à l’Agglomération Pays basque, il répond aux questions de « Sud Ouest ».
La Ville deviendrait inaccessible pour la périphérie. Peut-on faire le parallèle avec une agglomération comme celle du Pays basque avec sa frange littorale et l’intérieur des terres ?
Ce n’est pas tout à fait pareil. Je parle de métropoles telles que Bordeaux, Rennes ou Nantes. Même si la population augmente au Pays basque, on est sur un territoire moins gentrifié avec des villes et un arrière-pays plus interdépendants, En revanche, la grande différence ici, c’est la création d’une seule Autorité organisatrice de transport (AOT) qui associe urbains et ruraux. Il faut arrêter les guerres de tranchée entre les deux en concentrant les emplois et les richesses dans les grandes villes. La mobilité, c’est finalement le premier pas, l’exemple à suivre pour l’intercommunalité. On ne change pas de transport au passage de chaque frontière communale, les transports irriguent les territoires.
Certains prônent de pouvoir bénéficier de tous les services à un quart d’heure de son domicile. Est-ce possible ?
C’est une vision portée par les Verts et les architectes de pouvoir satisfaire tous les besoins à un quart d’heure de marche, de vélo ou de train de chez soi. Ce qui nécessiterait de recréer des villes multifonctionnelles. Cela me paraît utopique. La ville reste, par nature, une attraction avec un ensemble de services que l’on n’a pas ailleurs. On peut s’inspirer de cette idée pour travailler sur un meilleur maillage périphérique, mais ce sera difficile de se passer totalement de la voiture. Moins l’espace est dense, moins on pourra tout régler par les transports en commun. La priorité, c’est l’intermodalité.
Peut-on imaginer un principe de RER en province ?
Il faut s’appuyer sur les TER qui doivent être plus cadencés aux heures de pointe, avec plus d’arrêt. La France est en retard sur l’intermodalité. Le vélo est le nouvel arrivant dans le paysage. Mais il manque des pistes cyclables et des connexions avec les transports collectifs. Le bus à haut niveau de service en site propre est une bonne alternative.
À vous lire et vous entendre, il vaut mieux financer ce type de projet que la LGV…
Le transfert de charges de l’État vers les collectivités locales pour financer la LGV est scandaleux. Il prévoit de faire payer des taxes à des gens qui ne la verront jamais et n’en bénéficieront pas. Le mode de financement de GPSO (au sud de Bordeaux) est un hold-up sur les finances locales.
Pourtant la LGV est attendue par des territoires comme les Landes, le Béarn, ou Toulouse…
Oui, beaucoup espèrent une croissance de leur activité économique avec la LGV. Mais on le voit à Bordeaux, les entreprises ne transfèrent pas leurs sièges sociaux en province pour autant. La LGV accentue la gentrification, mais ne favorise pas l’économie.