9 mars 2023 - Le Petit Bleu
Ils installent une centaine de ces panneaux dans les environs d'Agen.
Les opposants s'organisent en collectif, proposent des actions aux citoyens, et travaillent à un rassemblement réunissant les anti-LGV de Nouvelle-Aquitaine et d'Occitanie.
Alors que le doute plane un peu plus sur le calendrier de la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse / Bordeaux, les opposants à cette infrastructure ferroviaire suivant l'axe garonnais reprennent-ils du poil de la bête ? Constatant que le contexte financier est toujours plus tendu pour l'Etat, qui prône par ailleurs la "désartificialisation" des terres via la loi ZAN, les anti-LGV veulent passer à la vitesse supérieure en s'organisant en collectif. StopLGV47 est né d'une réalité : l'union fait la force.
"Cela fait quatorze ans qu'on se bat contre le projet, explique Charles D'Huyvetter, président de TGV (Très grande vigilance) en Albret. Notre combat a toujours été : non à la LGV, modernisons plutôt les lignes existantes. Mais au fil du temps, nous nous sommes essoufflés... Je considère que nous sommes en guerre contre le projet, et pour gagner il faut s'unir. Notre cause connaîtra donc un second souffle, grâce à la présence de gens très organisés."
"Mais pour quoi faire ?"
Aujourdh'ui , à Agen, ce collectif était présenté à la presse locale. L'idée est de rassembler les opposants du Lot-et-Garonne sous une même bannière. Le collectif s'organise, au démarrage la prise de parole est un peu brouillonne, les arguments se superposant les uns aux autres selon les sensibilités. Mais la volonté bien là, celle d'impliquer davantage les citoyens, notamment par des événements sur le terrain. " Il faut que les gens s'approprient leur territoire, explique un responsable de l'association environnementale Sepanlog. La LGV risque de passer sur l'une des rares aires où fleurissent les tulipes agenaises. Il faut l'expliquer, ça c'est concret" pour qui s'intéresse à la protection de la biodiversité. "Mais qui veut la LGV, et pour quoi faire ?, s'interroge l'une des membres de Greenpeace. Ce projet va détruire des forêts multiséculaires. Mais pourquoi détruire la nature ?"
Aux arguments de protection de l'environnement, et de la vie des habitants vivant sur le tracé, s'ajoutent des éléments politiques. On pointe par exemple les incohérences entre les récentes prises de parole du Président Macron et de la Première ministre Elisabeth Borne, et l'on espère des embûches financières. " L'Europe ne va pas verser autant qu'espéré dans le projet GPSO, ajoute Charles Huyvetter. Elle ne financera même pas, et on en apportera rapidement la preuve. Qui devra payer alors ? Les collectivités ? Là, on rigolera..."
Des panneaux jaunes pour alerter les citoyens
Le collectif réunit 9 structures, dont Alternatiba, Greepeace, La France insoumise 47, TGV en Albret, Europe écologie-les Verts, la Sepanlog, Alternative 47, Horizon vert, Terre de liens. "Il existe désormais 14 collectifs anti-LGV en Nouvelle-Aquitaine, signalait Florent Prévot. Et ça s'active du côté de l'Occitanie." Un aveu de faiblesse : si la cause anti LGV est dynamique depuis plusieurs années du côté aquitain, la vigueur n'est pas la même en ex-Midi-Pyrénées. Car à Toulouse, et autour, on l'espère la LGV...
Illustration de cette reprise de mobilisation, des panneaux alertant sur la ligne à grande vitesse sont en cours d'installation dans la région d'Agen, pour sensibiliser les citoyens. Le 26 mars, une balade nature est organisée à Brazalem-Feugarolles, en Albret. Un rendez-vous est donné à 14 h devant la petite église d'où partira une promenade in situ, là où pourrait passer le long serpent ferré. "Vignobles, terres agricoles, paysages, autant d'éléments en péril", dénonce Greenpeace. Le 1er avril, Alternatiba propose un concert au bistrot l'Ornithorynque (18 heures à La Sauvetat-de-Savères). Et le 22 avril, un "rassemblement interrégional" Occitanie/Nouvelle-Aquitaine est attendu, mais l'endroit reste inconnu pour l'instant.
"Nous devons changer ce monde, s'insurge un opposant à ce grand projet (propre, selon ses défenseurs, à dynamiser l'économie et l'attractivité du Sud-Ouest). Chacun a compris désormais que notre planète est en danger. Non mais franchement, qui peut imaginer sérieusement que ce projet colossal n'aura aucun impact sur la nature..."