7 février 2023 - Sud-Ouest
Sur le tracé de LGV, au cœur de la forêt : « Ce paysage est menacé de disparition et un bout de notre âme avec »
Les anti-LGV varient les formes de mobilisation pour éviter l’essoufflement : recours administratifs, réunions publiques, affichage sauvage, manifestations, journées thématiques. Une nouvelle idée a germé au sein du collectif « Ni ici, ni ailleurs » (Nina) : des promenades naturalistes sur le tracé des lignes ferroviaires à grande vitesse au sud de Bordeaux. Premier chapitre dans la commune de Préchac, le samedi 4 février.
Plus de 100 personnes ont participé à cette visite guidée au grand air. Objectif de l’après-midi : comprendre l’impact du chantier du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) sur la faune et la flore, au bord du ruisseau Taris, affluent du Ciron. Le rendez-vous a été fixé dans la forêt entre Préchac et Saint-Léger-de-Balson, entre deux airials landais. « Si le projet voit le jour, mais cela n’arrivera pas, il faudrait détruire ces deux propriétés historiques », plante Pauline Dupouy.
« Si le projet voit le jour, il faudrait détruire deux airials historiques », plante Pauline Dupouy du collectif Nina.
A. D.
La militante du collectif Nina est accompagnée par le président départemental de la Société pour l’étude et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso), des bénévoles de l’association écologiste Adryades, et un chasseur de la société de Préchac. « Si on coupe les chênes centenaires de ces airials, on prive la chouette hulotte de refuge », donne en coup d’envoi l’ornithologue d’Adryades.
Temps gagné, temps perdu
Au bord d’un chemin forestier, Philippe Barbedienne de la Sepanso refait le débat sur le GPSO : « Ces lignes LGV nécessitent le défrichement de 3 000 hectares de forêt. Tout cela pour gagner quelques minutes de trajet en train. » Le représentant de la Sepanso rebondit : « Personne ne parle du temps perdu par les riverains qui devront faire des détours pour passer de l’autre côté de la voie ferrée. »
Le chasseur de Préchac Jean-Pierre Chusseau estime que la voie ferrée va perturber les déplacements des animaux. Et menacer ces derniers.
Le chasseur de Préchac Jean-Pierre Chusseau évalue les conséquences des ouvrages sur les déplacements des animaux. « Ils auront beau créer des écoponts (pour le grand gibier), des crapauducs et chiroptéroducs (passerelles pour chauves-souris), les animaux vont se retrouver bloqués. Des amphibiens et des reptiles vont disparaître. » De quoi bouleverser les équilibres dans cette zone humide, d’après le chasseur.
Prochaine sortie naturaliste le dimanche 19 février
Une nouvelle promenade naturaliste et technique est programmée le dimanche 19 février au matin dans le triangle ferroviaire à Bernos-Beaulac. À l’ordre du jour : les conséquences sur le bassin-versant du Ciron et sur la hêtraie préhistorique. Des spécialistes de l’Inra et du syndicat du Ciron seront présents. Informations sur la page Facebook « Non LGV 33 ».Les zones humides menacées
Les militants anti-LGV ont planté des panneaux symboliques au bord du ruisseau pour marquer la limite du futur viaduc. « Il fera 50 mètres de long et 7 de hauteur », chiffrent-ils. « Alain Rousset (le président de la Région Aquitaine, NDLR) assure que la construction de la nouvelle voie n’imperméabilisera pas le sol. C’est faux, car il y aura des tonnes de gravats et de chaux tassée », enchaîne Philippe Barbedienne.
Un pont-route est prévu au hameau Chicot pour remplacer la piste DFCI actuelle et permettre aux pompiers de circuler dans la pinède.
Lionel, naturaliste de l’association Adryades, pointe l’aulnaie qui longe le Taris. « Ce paysage est menacé. Derrière cette beauté, il y a de la poésie, notre bien-être. Une partie de notre âme va disparaître si on ne fait rien. »
Plus de 100 personnes ont participé à la première balade naturaliste et technique des anti-LGV à Préchac.