29 septembre 2022 - Sud Ouest
Le panneau a été posé dans le village de Balizac avec le soutien officiel de la mairie.© Crédit photo : A. D.
Quand on n’a pas de pétrole, on a des idées, des pinceaux et des pots de peinture. La remise sur les rails du projet ferroviaire de ligne à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux a poussé les opposants à revoir leur stratégie de communication. Comment alerter la population quand on n’a pas les moyens d’acheter des affiches 4 par 3 dans les villes ou des encarts publicitaires dans les médias ? On installe des panneaux « sauvages » sur le bord des routes.
Sur le fronton de la mairie de Louchats.
A. D.
“SO”
Ces messages anti-LGV fleurissent comme des plantes vivaces depuis des mois : routes départementales, entrées de bourg, croisements routiers stratégiques, etc. On retrouve même les trois lettres barrées sur le fronton de la mairie de Louchats ou devant l’église de Balizac, par exemple. Preuve que certains conseils municipaux soutiennent cette stratégie d’affichage des opposants. À Bernos-Beaulac, la mairie est allée plus loin en faisant imprimer des banderoles résistantes à la pluie puis en les installant aux endroits les plus stratégiques de la commune.
À Saint-Médard-d’Eyrans, on pointe également du doigt le projet des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux.
Cette affiche a été commandée par la mairie de Bernos-Beaulac.
« J’ai l’impression que le projet de LGV n’est pas très populaire par ici », faisait remarquer ce pompier du Val-d’Oise en juillet alors qu’il luttait contre l’incendie extrême entre Balizac et Origne. Les panneaux anti-LGV se mélangeaient alors aux messages de soutien aux soldats du feu sur le bord des routes.
Au pont de la Trave à Préchac.
Stratégie de communication
Cette propagande anti-LGV à grande échelle dépasse même le périmètre du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO). Plusieurs panneaux sont apparus récemment à Noaillan par exemple, commune non concernée par le tracé. Mi-septembre, un nouvel atelier de fabrication d’affiches a été organisée. L’objectif : inonder au maximum le territoire de messages.
Atelier de fabrication de panneaux anti-LGV à Noaillan mi-septembre.
Affiches déployées à Noaillan en juin dernier.
Coût de l’opération : du temps mais pas d’argent. « Nous récupérons la matière première où nous pouvons : panneaux, Scotch, tissu, peinture », énumère Richard Lavin, membre du collectif Nina en dévoilant une astuce : « Nous demandons aux supermarchés de nous donner des plaques en plastique qui séparent les palettes d’eau minérale. C’est parfait pour écrire nos messages. »
Les supports résistent mal aux grosses chaleurs mais les militants veillent au grain pour les remplacer en cas de besoin. Certains habitants n’hésitent plus à afficher leur opposition au projet ferroviaire dans le jardin ou sur les volets. « C’est une vraie stratégie de communication », confirme le collectif Nina qui manie d’autres outils complémentaires : groupe Facebook (NON LGV 33), gazette papier, réunions publiques, manifestations.
La multiplication des panneaux illégaux n’a pas soulevé de tension sur le terrain pour l’instant. Pas d’interpellation, pas d’amende et très peu d’arrachage. La lutte anti-LGV fait désormais partie du paysage.
Deux manifestations
Deux rendez-vous sont programmés ces prochains jours. Le collectif des élus organise une marche pacifique contre ce projet et en faveur des lignes existantes le samedi 1er octobre à la gare de Langon, à 10 heures. Cet événement est soutenu par les associations et collectifs anti-LGV. Le 24 octobre, les opposants au projet ont rendez-vous à la gare de Saint-Macaire pour une journée militante et festive à l’image de la manifestation de juin à Noaillan.