15 janvier 2022 - L'actu.lot
Nouvelle prise de position de Francesco Testa, conseiller départemental de Cahors-2, par rapport aux enjeux que recouvre le projet de LGV Toulouse Bordeaux.
Le projet de LGV Toulouse Bordeaux suscite le débat. (©Wikimedia Commons)
« Leçon de parrêsia, le courage de la vérité ! » tel est l’appel lancé par Francesco Testa, conseiller départemental de Cahors-2, dans sa tribune où il rappelle les enjeux que recouvre ce projet de LGV Toulouse Bordeaux.
« Exister, c’est résister » selon Jacques Ellul (grand professeur de droit de Bordeaux). Résister, oui mais avant tout à la pensée fossilisée, enkystée dans de fausses certitudes. Et la ligne TGV Bordeaux – Toulouse en est un symbole criant. Comment peut-on autoriser l’artificialisation de 4000 hectares de terre (agricoles, forêts, zones humides…) quand on sait tout ce que l’on sait ! L’État proclame par la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le réchauffement climatique, la fin de l’artificialisation des sols et met sans état d’âme des milliards dans un projet comme celui-ci. Force est de constater que dans tous ces paradoxes auxquels on ne peut s’habituer, l’État souffre d’une aporie conceptuelle dès qu’il parle de transition écologique. Voilà ce qu’est l’idée saugrenue de vouloir faire de l’écologie sans écologistes aux manettes, on triche, on tergiverse, on procrastine. Dans cette époque formidable de faux-semblants, de communications trompeuses que nous vivons, nous sommes passés du ruissellement à la cascade de mépris. Nietzsche a traduit ces situations contradictoires en une seule phrase : « l’État est le plus froid des monstres froids ». Peu lui importe qu’une femme pour accoucher doive faire à minima une heure de voiture parce qu’on a fermé l’hôpital de proximité, du moment que la Métropole Toulousaine soit reliée à la Capitale en moins de trois heures. C’est une question de choix !
Non seulement, nous nous devons de saluer le progrès qui passe rapidement loin de notre porte, mais en plus il faudra participer financièrement pendant 40 ans. Le plus froid des monstres froids ! Comment l’État peut-il s’engager dans un projet de TGV qui va coûter 14 milliards pour servir à 10 % des usagers des trains et oublier (comme il l’a fait pendant des décennies) des lignes ferroviaires comme la POLT qui sont vitales pour ceux qui ont l’outrecuidance de vouloir encore vivre en dehors du territoire Métropolitain ? Quelle est cette conception de l’État qui donne plus à ceux qui en ont le moins besoin (les Métropoles) et reste intransigeant avec le reste du territoire ? L’État ferme nos écoles, nos trésoreries, nos services publics et concentre l’excellence dans les grandes villes et nous devrions en plus accepter une solidarité territoriale envers la capitale régionale. Quel toupet ! Alors qu’il faudrait, bien au contraire, mettre en place plusieurs décennies de compensation pour inverser le processus surtout quand elles sont faites de miettes données parcimonieusement. Comment parler de pôle d’équilibre si l’État accompagne systématiquement des excroissances incontrôlées de la Métropole ? On peut vouloir s’accommoder de cette situation totalement déséquilibrée en se disant que l’on finira bien, un jour lointain, par en récolter les fruits, mais on peut aussi exiger que maintenant l’effort national se fasse en priorité chez nous ! Ce n’est pas une question de position politique mais d’éthique. »
FRANCESCO TESTA