6 octobre 2021 - Sud Ouest
En 2019, 23 % du réseau dépasse alors sa durée de vie optimale.© Crédit photo : Thibault Toulemonde / «SUD OUEST»
Avec 49 500 kilomètres de voies, le réseau français est le deuxième réseau le plus étendu d’Europe derrière l’Allemagne. Un réseau certes étendu mais peu circulé. Sur les 49 500 kilomètres, seuls 28 100 sont des lignes exploitées par la SNCF. La politique d’investissement menée depuis le début des années 1980 privilégie l’extension du réseau, en particulier la construction de lignes à grande vitesse, au détriment de l’entretien. Mais le réseau devient de plus en plus vieillissant et fragile comme souligné dans le bilan d’UFC-Que choisir.
2 milliards de minutes perdues
Au début des années 1980, la SNCF n’investit presque plus dans la maintenance. De 1 000 kilomètres de voies renouvelés, 500 kilomètres seulement le sont en 2005. Pourtant, une prise de conscience a lieu, notamment avec la publication en 2005 du rapport Rivier. Celui-ci souligne l’insuffisance des ressources allouées au renouvellement, amenant au vieillissement et à la dégradation des infrastructures. Des investissements massifs sont donc préconisés pour compenser le retard accumulé. Mais la France dépense nettement moins que ses voisins européens. En 2019, 23 % du réseau dépasse alors sa durée de vie optimale. Des ralentissements et des arrêts pour travaux sont imposés et pèsent sur la compétitivité des trains par rapport aux autres transports. En 2017, l’Autorité de la qualité de service dans les transports estimait même que les voyageurs perdaient au total 2 milliards de minutes chaque année en raison des retards de trains.
Des gains de productivité attendus
Le sous-investissement chronique affecte la performance du gestionnaire d’infrastructures SNCF Réseau qui a besoin de 2,8 fois plus d’agents et de 1,7 fois plus de capitaux que les pays voisins européens. Mais ce n’est pas pour autant que l’offre est plus grande, au contraire, la France propose 37 % moins de trains que l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse ou la Grande-Bretagne, d’après un rapport du Benchmark Prorail 2015-2018. Il n’est donc pas étonnant que les usagers attendent désespérément des gains de productivité et une offre satisfaisante sur le réseau ferré de France. Toutes les difficultés rencontrées se retrouvent notamment sur les petites lignes, souvent laissées pour compte.
Abandon des petites lignes
La vétusté des infrastructures des petites lignes est aussi soulignée dans le bilan d’UFC-Que choisir. 70 % de sections de voies sont actuellement ralenties. Leur entretien et renouvellement requièrent des efforts massifs de quelque 6,4 milliards d’euros. Les usagers préfèrent donc la voiture aux trains des petites lignes qui sont peu à peu abandonnés. Peu circulées, les lignes de dessertes pourraient être fermées, une menace qui pèse sur 40 % du réseau secondaire. Seulement leur fermeture pose problème. Rappelons que les petites lignes permettent un désenclavement des territoires et représentent un enjeu de connexion majeur. De nombreux usagers des territoires enclavés choisissent le train aussi pour une question écologique. La priorité a été mise sur la décarbonation des transports, dont le secteur est le premier émetteur de gaz à effet de serre en France. Fermer les petites lignes ne ferait qu’accentuer l’utilisation de la voiture.
Les demandes
L’UFC-Que choisir presse ainsi les pouvoirs publics et demande l’augmentation des soutiens financiers pour garantir des investissements nécessaires à la rénovation et à la modernisation du réseau SNCF, qui est confronté à une équation budgétaire impossible à résoudre. SNCF Réseau a des dettes (estimées à 38 milliards fin 2020) et les contributions publiques ne permettent plus de couvrir les besoins d’investissement et les coûts d’exploitation. Il est aussi primordial de maintenir les petites lignes dès lors qu’elles répondent à une demande des autorités régionales et à un besoin des usagers. L’UFC-Que choisir dénonce aussi le manque de solidité de la gouvernance de SNCF Réseau et demande à imposer au gestionnaire d’infrastructure des critères de performance et des mécanismes réellement incitatifs en cas de non-respect de ces derniers.
Promesses d’investissement
À l’occasion des 40 ans du TGV, Emmanuel Macron a revendiqué « des investissements massifs » dans les infrastructures, avec notamment le renouveau des petites lignes, une meilleure connexion des ports et la construction de nouvelles liaisons. Le chef de l’État a rappelé la réforme ferroviaire de 2018 et le lancement d’un programme de rénovation des voies ferrées en lançant que « la décennie 2020 sera la nouvelle décennie du TGV ».