27 novembre 20120- Sud-Ouest
Publié le 26/11/2020
Mis à jour à 11h09
Riverains et associations dénoncent le non-respect du cahier des charges depuis le début des travaux de l'extension de la gravière sur les parcelles de la commune.
Smartphone ou appareil photo en main, les opposants à l'extension de la gravière de Bruch, sur les terres de sa voisine Feugarolles, immortalisent chaque étape du chantier.
Depuis deux semaines, la reprise des coups de pelles à grand renfort de bulldozers, camions-bennes et rouleaux compresseurs se déroule en limite de propriété du couple Courtin-Deguines, effaré par la tournure des événements. « Tous les jours, il y a des incidents. Hier, [mardi 24 novembre, NDLR] une ligne de 20 000 volts est tombée, un engin de chantier posté en hauteur a manqué de se renverser et les nuisances sonores dépassent très largement les 43 décibels, maximaux autorisés. »
Le couple propriétaire de la maison attenante au chantier a peir d'un incident grave.Le couple propriétaire de la maison attenante au chantier a peir d'un incident grave. © Crédit photo : Loic Déquier
L'acquisition de leur maison, il y a une dizaine d'années, avait été faite en toute connaissance de cause, et de l'arrêté préfectoral de 2006 autorisant la société Singlande, filiale du groupe Eiffage, à exploiter une gravière toute proche.
En 2017, un arrêté complémentaire actait la modification d'exploitation du périmètre autorisé, après le changement de statuts de la société Singlande devenu Carrières du Sud-Ouest. « Quand on s'est installés, on nous avait présenté un projet A. Maintenant, on en est au moins au projet C », image Martine Courtin-Deguines.
À titre personnel, le couple constitue un dossier étayé et « fera tout ce qu'il peut » pour faire reconnaître le non-respect des engagements pris.
Un combat individuel, rapidement rallié par des associations opposées aux gravières. Au premier rang desquelles, Très Grande Vigilance en Albret.
Son président Charles d'Huyvetter ne décolère pas. « C'est dramatique ce qu'il se passe. Actuellement, les travaux se déroulent au mépris du cahier des charges imposé par l'arrêté préfectoral, indiquant qu'avant de débuter le chantier à Feugarolles, l'extraction devait être terminée sur la commune de Bruch, et le site remis en état. Ce qui n'est pas le cas. Ils sont totalement hors la loi, ce que nous avons fait constater par un huissier ce lundi 23 novembre. »
Le sujet est source de tensions au sein du Conseil municipal.Le sujet est source de tensions au sein du Conseil municipal. © Crédit photo : Loic Déquier
En construction, un futur tapis de plaine roulant, destiné à acheminer la grave vers l'installation de traitement. « Le maire a donné son accord pour que le chantier puisse emprunter un chemin communal. Lui qui se dit opposé aux gravières, il a manqué l'occasion d'y mettre un coup d'arrêt », peste Jacques Courtin-Deguines.
Ce dossier brûlant divise. « Le climat est tendu au sein du Conseil municipal, atteste Xavier De la Raitrie, élu de la majorité, lui-même surpris des récents événements. Lors du dernier conseil, avant le confinement, le maire nous avait dit qu'il n'y aurait pas de travaux à Feugarolles, tant que la Dreal ne serait pas venue nous expliquer tous les tenants et les aboutissants. Cela fait six mois qu'on attend... »
Face aux divergences, Jean-François Garrabos, premier magistrat, ne dévie pas de sa position. « Cet arrêté préfectoral a été pris antérieurement à mes mandats. Il est légal, je ne peux m'y opposer. » Contacté hier, Carrière du Sud-Ouest n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat.