1 mai 2020 - Sud Ouest du 29/04/2020
Suite au confinement, le nombre de convois LGV a considérablement baissé sur la ligne Bordeaux Paris © Crédit photo : Jérôme Jamet
Par Pierre Lascourrèges
Des riverains de la ligne LGV Bordeaux-Paris témoignent des effets bienfaisants de la réduction du trafic des trains
“Vous n’imaginez même pas. On est dehors toute la journée. On en profite pour faire des travaux au jardin et sur les arbres. Avec mon voisin, on en parle tous les jours. Ça nous change la vie. On retrouve ce que l’on avait connu par le passé. Avec le calme et les oiseaux”.
Voilà comment Jacques Royer, 64 ans, retraité, habitant à Laruscade, décrit précisément la situation qu’il vit aujourd’hui, à l’intérieur de sa maison de campagne située à 150 mètres de la ligne, Depuis le confinement, le nombre de trains LGV sur la ligne Bordeaux-Paris a été considérablement réduit. Et pour les riverains, c’est un énorme bienfait:
"Là où nous subissions le passage de plus d’une cinquantaine de convois par jour, on en compte actuellement à peine une dizaine et qui roulent doucement, à part peut-être un ou deux. C’est peu dire, on n’y fait même plus attention".
Et surtout, Jacques Royer affirme ici avoir retrouvé un rythme de sommeil normal, quand il n’a plus à subir un effet comparable à une déflagration. "Si le dernier train passe ici tard dans la nuit, il faut se dire que le répit est de courte durée, quand ça remet ça le lendemain sur les coups de cinq heures du matin".
“La vie comme avant”
Retraitée elle aussi, toujours à Laruscade, Brigitte Lasserre, 59 ans, pourrait pleinement profiter de cette maison familiale dans laquelle elle a engagé d’importants travaux après avoir changé les huisseries et installé une protection phonique sur le toit. Mais la ligne LGV passe à une centaine de mètres à peine:
"Il faut se rendre compte que lorsque le train passe, on a l’impression d’entendre passer un avion supersonique au dessus de la tête". Là encore et depuis le confinement et la réduction du nombre de convois, sa vie a changé:
"Je ressens un apaisement pour le cerveau. C’est incroyable. Et si l’on tient compte de la baisse de la circulation automobile de la RN 10 un peu plus loin, on a droit au silence. Je retrouve une ambiance que j’ai connu ici lorsque j’étais enfant. J’ai retrouvé le plaisir de faire la sieste. Et dans la journée, j’en profite pour jardiner."
Jacques Royer et Brigitte Lasserre n’osent imaginer aujourd’hui un retour à un trafic normal. Même si un mur de protection est sensé réduire les nuisances sonores, l’un comme l’autre font malheureusement le même constat, "le mur fait deux mètres de haut. On voit passer les trains au dessus, depuis que la ligne a été rehaussée. Pour nous, il ne sert à rien.”
Bras de fer
Alors, le combat juridique continue contre le concessionnaire Lisea exploitant de la ligne SNCF. Tous deux membres de l’association de défense des riverains“Le Gant et la Plume”, ils attendent beaucoup des procédures à suivre.
Brigitte Lasserre explique: "Non seulement, nous avons à subir le bruit assourdissant des trains, mais ma maison est touchée par des fissures. Le tribunal administratif a désigné un expert dont on attend le passage pour venir constater les dommages”.
Ces deux témoignages résument assez bien la situation qu’endurent de nombreux riverains de la ligne LGV Paris-Bordeaux. Le territoire se trouve durement impacté sur plusieurs communes. Les maires en savent quelque chose. On cible généralement un tronçon reliant Gauriaguet jusqu’à Marsas.
Des réunions publiques ont permis d’aborder le sujet. On se souvient l’année dernière que suite à la colère des riverains, Elisabeth Borne , Ministre des Transports avait annoncé l’intention de débloquer 22 millions d’euros destinés à faire des travaux de protection le long de la ligne Sud Europ Atlantique.
Et la députée Véronique Hammerer avait émis le souhait qu’une part de cette somme soit reversée à la Haute-Gironde au bénéfice des riverains les plus touchés.