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La SNCF veut se concentrer sur les liaisons de proximité
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28 sept 2010 - Le Monde

Forges-les-Eaux (Seine-Maritime) Envoyé spécial

 

L'époque de la très grande vitesse triomphante est révolue. Désormais, la SNCF souhaite davantage s'incarner à travers "les trains du quotidien".

Réunis lors d'un séminaire de presse organisé les 23 et 24 septembre à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), les dirigeants de l'entreprise nationale ont vanté avec un bel ensemble les vertus de "l'ancrage territorial". Guillaume Pépy, président de la SNCF, définit le TGV comme "une niche dont le modèle économique est à reconstruire" et considère que "la priorité, c'est le service public de proximité".

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Ce recentrage résulte du constat qu'aujourd'hui, "la profitabilité du TGV décroît à grande vitesse", selon l'expression de Barbara Dalibard qui dirige SNCF-Voyages. La société nationale a de nouveau déploré l'ampleur des péages perçus par Réseau ferré de France (RFF), chargé de l'entretien des voies et de la régulation du trafic, qui représentent 30 % du prix du billet et qui progresseront de 190 millions d'euros en 2012.

 

Le TGV dont le trafic n'a pas augmenté depuis le début de l'année et qui, hier, comblait les déficits, ne parvient plus à financer l'achat de ses propres rames - la SNCF estime que 20 % des lignes ne sont pas rentables. Elle s'interroge sur l'opportunité de faire rouler certains TGV en bout de ligne sur des voies classiques.

 

David Azema, directeur général délégué chargé de la stratégie et des finances, juge que "la branche Proximités détient la plus forte marge de progression". "Premier métier de la SNCF", elle regroupe les trains régionaux (TER), le réseau d'Ile-de-France mais aussi les transports urbains assurés en France et à l'étranger par Kéolis, filiale de la SNCF et premier opérateur mondial de tramways. Malgré les menaces que la réforme de la fiscalité locale fait planer sur l'avenir des trains régionaux - qui risquent fort d'être privés des importants investissements des régions - la SNCF mise sur ce secteur dont le trafic s'accroît en moyenne de plus de 3 %, par an.

 

Pour l'essentiel, les "30 % à 40 % de croissance rentable" espérés d'ici à 2014-2015 devraient être acquis grâce au "péri-urbain", en particulier à l'étranger.

 

Ainsi, la SNCF qui suit de près les projets de lignes à très grande vitesse prévus dans les dix prochaines années aux Etats-Unis, en Floride et en Californie place aussi ses pions sur d'autres marchés. "Avec la congestion de leurs centres urbains, les Etats-Unis doivent redécouvrir le RER", assure M. Pépy qui s'est félicité que Kéolis ait remporté, il y a quelques mois, l'exploitation du Virginia Railway express, un réseau de banlieue à Washington. Par ailleurs, la filiale de la SNCF postule à la reprise des activités détenues en Allemagne par Arriva (460 millions d'euros de chiffre d'affaires), opérateur britannique récemment acquis par la DeutscheBahn.

 

Le credo de la proximité comme le discours sur les infrastructures ferroviaires "qui ne permettent pas de supporter l'augmentation du trafic" visent à faire pression sur l'Etat, invité à privilégier l'amélioration des lignes existantes notamment en Ile-de-France "où les clignotants sont au rouge".

 

Pour la SNCF, il s'agit aussi de s'inviter dans le débat public qui s'ouvre sur la réalisation du vaste projet ferroviaire engagé autour du Grand Paris. Enfin, la thématique du service public doit contribuer à cimenter le corps social des cheminots, visiblement inquiet du rythme des changements.

 

Persuadée que la totalité des activités ferroviaires seront ouvertures à la concurrence dans les cinq à dix prochaines années, la SNCF continue également d'élargir son champ d'action sans tabou. Aux côtés de l'italien Autostrade, de Thales, de Steria et de SFR, elle vient de répondre à l'appel d'offres lancé par le gouvernement pour récolter la future écotaxe appliquée dès 2012 aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes.

 

Jean-Michel Normand

 

 

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