2 février 2020 - Touleco.fr
Hors de question de payer des taxes supplémentaires pour financer la LGV Bordeaux-Toulouse. C’est en somme le discours de la CCI Occitanie et de la CPME 31.
Pourtant, c’est bien ce qui avait été annoncé il y a quelques jours. Explications.
Maladresse ou coup de communication? Après la publication de l’article Occitanie. Une nouvelle taxe sur les entreprises pour financer la LGV, Samuel Cette, président de la CPME 31 et CPME Occitanie, est tombé de sa chaise : «j’apprends qu’une taxe sur les entreprises va être instaurée, et – le comble – que le plus dur a été de convaincre les entreprises! Mais nous n’avons absolument pas été consultés, et par ailleurs, nous sommes clairement contre!» fulmine–t-il.
Dans cet article en effet, ToulEco fait état de déclarations de Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Occitanie et du lobby EuroSud Team, qui, lors d’une conférence de presse, a annoncé que 60% du coût de la LGV Bordeaux-Toulouse serait financé par une nouvelle «taxe bureau». Des déclarations en apparence appuyées par un courrier datant de 2018 et dans lequel le président de la CCI Occitanie Alain Di Crescenzo se dit favorable à une taxe «raisonnable et cohérente».
Que s’est-il passé pour que la création de cette future taxe soit annoncée, sans que les instances de représentation des entreprises ne soient au courant? Selon nos informations, ni la CPME, ni le Medef, ni la CMA ni la CCI n’ont été consultées à ce sujet.
«Un travail de lobby»
Christian Jouve, directeur de la CCI Occitanie, pense avoir une partie de la réponse : «Jean-Louis Chauzy préside un lobby, il fait son travail de lobbying. Il fait davantage part de ses intentions que d’une réalité. En jetant un pavé dans la marre, il fait avancer le débat.» Samuel Cette, de la CPME 31 confirme et salue le rôle de Jean-Louis Chauzy : «Nous avons toujours loué la formidable mobilisation du milieu socio-économique et politique en faveur du projet de LGV. Cette démarche volontariste coordonnée par la région a, sans conteste, amené à l’état de projet ce qui était devenu un vœu pieux».
Pas d’accord pour une nouvelle taxe
Mais sur le fond, les deux hommes démentent formellement que la CCI Occitanie ait donné son accord pour une nouvelle taxe. «Dans le courrier daté de 2018 et signé par Alain Di Crescenzo, aucune décision concrète n’est prise et la CCI donne son accord à plusieurs hypothèses de financement, cela marquait davantage notre volonté d’aboutir», explique Christian Jouve. Il poursuit : «À ce jour, les entreprises n’ont pas été consultées sur une taxe bureau et contrairement à ce qui a été annoncé par Jean-Louis Chauzy, rien n’a été encore décidé. Quand la présidente de région Occitanie Carole Delga aura rencontré Bercy et reviendra avec une proposition claire et chiffrée, nous serons autour de la table des négociations. Nous n’en sommes pas encore là».
La position de la CCI Occitanie concernant une nouvelle taxe sur les entreprises est néanmoins sans appel : «nous sommes contre, même si nous avons une volonté affirmée de voir arriver la LGV. Mais tout ce qui est de nature à contrarier la croissance des entreprises n’aura pas notre accord».
Pour Samuel Cette, «il convient de rappeler que les territoires qui ont appliqué ce type de taxe (la région parisienne avec la société du Grand Paris, NDLR) avaient établi des partenariats public/privé non prévus dans notre projet». Dans un contexte où la taxation des entreprises est déjà un sujet épidermique, il conclu : «Nous ne considérons pas que la LGV puisse s’envisager par une couche supplémentaire de taxes ou de prélèvements sur les entreprises quand on connait le niveau élevé des impôts de production, parmi les plus élevés des pays de l’OCDE».
Pour rappel, selon Jean-Louis Chauzy, la future taxe bureau devait représenter 60% du budget nécessaire à la réalisation de la LGV. À suivre.
Sophie Arutunian