28 janvier 2020 - La Dépêche
- Une vingtaine de manifestants hier à Agen, à la préfecture. Photo./M.C.
Publié le 28/01/2020 à 05:12 , mis à jour à 05:22
l'essentielLa position prise par un membre du Conseil économique et social dans la région d’à-côté a mis le feu aux poudres ici en Lot-et-Garonne. Histoire de calendrier et de finances.
Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? Au-delà de la métaphore connue, les récentes déclarations de Jean-Louis Chauzy, président du comité économique et social (CESR) d’Occitanie, ont eu le don de sortir de leur demi-sommeil les opposants à la ligne à grande vitesse (LGV), et de les faire simplement sortir hier devant la préfecture à Agen.
entre 2028 et 2037
Jean-Louis Chauzy a annoncé avant les fêtes de fin d’année que les travaux du tronçon Bordeaux-Toulouse pourraient commencer en 2022, pour se terminer sept ans plus tard en 2029. Cela a suffi pour souffler sur les braises tièdes de la contestation et provoquer l’ire des opposants. En fin de semaine dernière, ils ont adressé au président du CESR d’Occitanie un courrier acide, avec copie aux membres du gouvernement chargés de ce dossier dont les racines remontent à la fin des années 2000. "Le texte de la loi sur les mobilités, de décembre 2019, valide le scénario "2" comme référence pour les grands projets d’infrastructures" écrit par exemple Jacques Dousset, pour la coordination 47 des associations d’opposants. "Le scénario "2" précise que la LGV Toulouse-Agen se fera entre 2028 et 2032 et que la LGV Bordeaux-Agen entre 2033 et 2037."
Et les opposants de poursuivre sur le même ton dans le courrier. "Alors que l’Etat a donné le calendrier de ce projet : entre 2028 et 2037, que les collectivités territoriales n’ont pas encore été sollicitées pour le financement, que la société de projet n’est pas constituée, pour qui vous prenez-vous Monsieur Chauzy pour faire une telle déclaration ?" Sous les parapluies hier, alors qu’une délégation était reçue en préfecture, les mots allaient dans le même sens. "La Commission du débat public de ce projet a émis un avis défavorable" rappelait Raymond Girardi, élu des Landes de Gascogne et membre de l’association ALTernatives LGV. "Le pire des scénarios est que le gouvernement pourrait à la fois enterrer le projet de ligne nouvelle et ne pas donner suite au projet de rénovation des lignes existantes que nous défendons."
Chèque en blanc
Raymond Girardi rafraîchissait la mémoire de tous : sept collectivités d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine "doivent encore 85,47 millions d’euros sur le financement de la LGV Tours-Bordeaux (le tronçon précédent, NDLR) et qu’elles ne souhaitent pas ou qu’elles sont dans l’incapacité financière de faire face à cette nouvelle dépense." Habillé pour l’hiver en cours, Jean-Louis Chauzy est aussi soupçonné de vouloir "créer de nouvelles taxes et impôts pour un montant de 4,2 milliards d’€ (60 % du projet), les 40 % restants, soit 2,8 milliards d’€, "demeurant à la charge de l’Etat et de collectivités territoriales" exsangues.
Les 7 milliards cités par Jean-Louis Chauzy sont le montant de la facture prévisionnelle au début des années 2010. Les opposants à la ligne LGV Bordeaux-Toulouse estiment qu’elle est aujourd’hui de 10 milliards.
S. Bersauter