9 septembre 2019 - La Dépêche
Annoncée en 2022 puis reculé de dix ans au moins la LGV continue d'opposer promoteurs et défenseurs de l'aménagement des lignes existantes./ Photo DDM.archives Jean-Michel Mazet.
Le 19 septembre, nouveau rendez-vous judiciaire et juridique pour le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse. La bataille est loin d'être terminée.
Le 25 juin 2017, les juges du tribunal administratif disent non aux aménagements de la ligne à grande vitesse (LGV) pour la partie située au sud de l'agglomération bordelaise vers Captieux. Plus de deux ans après, la cour d'appel administrative de Bordeaux toujours saisie par l'Etat et la SNCF en appel, étudie le dossier ce 19 septembre.
L'audience ne prévoit a priori que l'intervention du rapporteur général représentant l'Etat, qui peut aller dans le sens de la première décision, ou la prendre à contre-pied. La requête en annulation du premier jugement a été déposée après les élections présidentielles, par le ministère des Transports version Macron. Le dossier de contre-attaque avait été monté sous la mandature Hollande, Premier ministre Valls. À la même époque, le Grand projet du Sud-Ouest auparavant d'un seul bloc est scindé en quatre parties distinctes, qui comprennent Sud Bordeaux et Nord Toulouse, contestée également.
Des changements, aussi
«Les arguments développés en 2017 sont les mêmes peu ou prou aujourd'hui» analyse Claude Semin, l'un des porte-parole du groupement d'associations en Occitanie et Nouvelle -Aquitaine. «La mise en cause de la rentabilité et du coût des investissements (10 milliards d'€ au total, NDLR) est toujours valable.»
N'est plus valable en revanche l'argumentaire des pouvoirs publics concernant le tout LGV. La loi d'orientation sur les mobilités (LOM) a changé la donne. «La priorité» poursuit Claude Semin «est donnée aux transports du quotidien, ce qui renvoie l'idée des lignes à grande vitesse loin dans le temps car la loi LOM introduite aussi l'idée de la rénovation des lignes existantes.» Le message a été passé par la Coordination régionale des associations à un bras droit de la ministre des Transports courant 2 018.
Le courrier de Camani
«Nous les associations nous ne sommes pas opposés au concept de ligne à grande vitesse. En revanche, la LGV Bordeaux-Toulouse c'est non dans la mesure où il est possible de rénover une ligne dégradée à quatre fois moins chère et que ce réaménagement coûte quatre fois moins cher» estime encore Claude Semin.
Avec d'autres mots, c'était l'esprit d'un courrier cosigné par Jean-Luc Gleyze et Pierre Camani, présidents des conseils départementaux de la Gironde et de Lot-et-Garonne et adressé à la ministre Borne en octobre 2018. Les deux élus voulaient ainsi «souligner la nécessité de la modernisation et de la remise en état de la ligne Bordeaux – Toulouse qui mériterait une priorité nationale tant la qualité du service rendu est faible et les incidents fréquents (…) Cette ligne pâtit d'un sous-investissements chronique qui entraîne des temps de parcours élevés et irréguliers.»
Alors que le calendrier de réalisation s'étire désormais jusqu'au milieu des années 2030 en fonction des options, alors que l'Occitanie cogite à une société de projets pour les connexions LGV avec la métropole toulousaine, la décision en appel du tribunal administrative peut permettre à la souris de continuer à courir après le chat.