15 avril 2019 - La Dépêche
Environ 150 sympathisants ont assisté à cette assemblée générale / Photo DDM BC
l'essentiel
Très Grande Vigilance en Albret a fêté son 10e anniversaire récemment à la salle des fêtes de Feugarolles. Devant 150 sympathisants, le message a été clair : ne rien lâcher
Ils sont peut-être de moins en moins nombreux à être à jour de leur cotisation (256 adhérents ont payé les 10 € demandés sur les 693 membres de l'association) mais la mobilisation ne faiblit pas une seule seconde. Jeudi dernier, juste à l'entrée de la salle des fêtes de Feugarolles, Catherine Aime, vice-présidente de Très Grande Vigileance (TGV) en Albret, nous l'a dit fermement plusieurs fois : «On ne lâchera rien».Il suffisait de lever la tête pour en avoir la confirmation. La pièce était occupée par plusieurs banderoles. À l'exception de la grande bannière et de son slogan «Non aux lignes LGV, oui au TGV sur les lignes existantes», les autres messages, en lettres noires sur fond jaune, n'étaient pas subliminaux. «LGV coûts sous-estimés, trafic surestimé, projet falsifié», «LGV : on vous ment !», «LGV : quelques minutes gagnées, des milliards dépensées». Ndlr- TGV Albret : n'oubliez pas les 2 autres messages : "LA HONTE aux service de l'intérêt personnel , politique et des lobbys" et "AUX ELUS : stop à vos fantasmes , stop à vos allégeances , stop aux dépenses inutiles "
Le président Charles d'Huyvetter a ouvert cette assemblée générale anniversaire (l'association a 10 ans) en remerciant les élus présents et en excusant les absents.
24 100 € de frais de procédure
Il a rappelé les combats de TGV en Albret avant de passer au rapport financier. Les 2 980 € de recette proviennent des adhésions (2 725 €), des dons (210 €) et des ventes et lotos (45 €). Quant aux 2 507 € de dépenses, les gros postes sont les courriers (1 076 €), les annonces dans la presse (555,90 €) et les agapes (435,88 €). Karine Debiasi, Jacques Llonch, Michel Normand ont été réélus au conseil d'administration..
Le porte-parole Patrick Vaccary a ensuite fait une nouvelle démonstration de sa connaissance profonde du dossier. Il a fait un exposé de l'histoire de TGV en Albret avant de rentrer dans le détail du dossier Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). Il a expliqué le plan d'action des opposants qui a été détaillé dans notre édition de « La Dépêche du Midi » du jeudi 11 avril. Il a conclu en lançant : «Nous avons gagné la bataille des arguments». Ils veulent continuer à leur faire savoir en sensibilisant les parlementaires (lire notre encadré sur les combats à mener).
Claude Semin était présent jeudi dernier à Feugarolles. Pour le responsable de la Coordination d'Associations de Nouvelle-Aquitaine et d'Occitanie, «il y a aujourd'hui deux grands combats à mener». Le premier est de faire en sorte que l'amendement du projet de la Loi d'orientations des mobilités (LOM) soit bloqué. Fin mars, il a été adopté par le Sénat. Rappelons que cet amendement introduit le principe de sociétés de projets dont l'objet est de monter librement des financements en augmentant ou en créant des taxes nouvelles. C'est-à-dire sans contrôle ni blocage de l'Etat. Les opposants à la LGV invitent les 577 députés à ne pas voter cet amendement (un courrier leur a été envoyé). Claude Semin, au nom de la coordination, a, lui, écrit à la ministre des transports Elisabeth Borne pour attirer son attention sur les conséquences «graves» de cet amendement pour un projet coûteux et non rentable.
L'autre combat se situe sur le front juridique. Les décrets d'utilité publique (DUP) portant sur les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) et au nord de Toulouse (AFNT) n'ont pas reçu d'avis favorable des tribunaux administratifs de Bordeaux et Toulouse. Ces instances ont donc «cassé» les deux DUP. Actuellement, rien ne peut être construit. Mais les partisans du projet GPSO ne baissent pas pavillon. Ils ont déposé de nouveaux recours sur ces décisions auprès de la cour d'appel de Bordeaux. La volonté des défenseurs de la LGV est maintenant de tenter de zapper les tribunaux régionaux pour aller directement devant le conseil d'État en s'appuyant sur la règle de connexité. Ceci reviendrait à de nouveau envisager le GPSO dans sa globalité, c'est-à-dire à revenir au projet initial. Toutefois, selon Claude Semin et ses amis, la non-rentabilité du projet pourrait alors être plus facilement démontrée. A noter que cet artifice pourrait être aussi refusé par la cour d'appel de Bordeaux en confirmant le refus des projets AFSB et AFNT au motif que leur rentabilité socio-économique n'est pas assurée. Belle bagarre en perspective.