9 décembre 2018 - BFM TV
Un cortège d'opposants au projet de liaison ferroviaire avec Lyon s'est donné rendez-vous ce samedi à Turin. Les manifestants dénoncent un "gaspillage d'argent public" alors que l'Italie a besoin de fonds pour l'éducation et la santé.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestaient samedi à Turin contre le projet de liaison ferroviaire avec Lyon. Les organisateurs ont fait état d'une "marée" de 70.000 personnes, "le plus grand rassemblement" de l'histoire du mouvement. Il n'a pas été possible d'obtenir une estimation des forces de l'ordre, qui n'en fournissent jamais en Italie. Le cortège, parti vers 14H30 (13H30 GMT) sous un grand soleil, défilait dans une ambiance bon enfant, mêlant retraités, jeunes, familles avec enfants.
Des grands drapeaux "No Tav" ("Non à la LGV - ligne à grande vitesse), avec un train barré d'une croix rouge, volaient au vent. Des pancartes proclamaient "Contre le gaspillage", "Oui à de petites infrastructures utiles, non à de grandes infrastructures inutiles", "Tav sponsorisé par l'Union industrielle - Mafia du ciment", "Non au Tav. Oui à la sauvegarde du territoire et de l'environnement. 30 ans de résistance".
Un tunnel à 8,6 milliards d'euros
Le projet Lyon-Turin, dont l'élément central est un tunnel de 57,5 km devant être construit dans les Alpes italiennes et françaises, est contesté depuis ses débuts, en particulier par des associations de défense de l'environnement.
Mais le message essentiel porté par les manifestants samedi était la dénonciation du "gaspillage d'argent public" et la revendication d'une autre société possible. Le coût du seul tunnel est estimé au bas mot à 8,6 milliards d'euros.
"Il y a des choses plus importantes sur lesquelles investir comme les hôpitaux, les écoles, les routes", a déclaré à l'AFP Maurizio Alfero, 60 ans, en expliquant avoir récemment obtenu un rendez-vous médical pour septembre 2019 dans l'hôpital de sa ville, faute de place plus tôt. "Il suffirait déjà d'utiliser la ligne existante, qui est sous-exploitée", a-t-il ajouté.
Domenico Larobina, un Turinois de 31 ans, préfèrerait lui qu'on "investisse dans des infrastructures pour un développement humain, afin d'améliorer la qualité de vie des gens, et non les profits".
Le gouvernement italien est divisé sur la question
"Ils ne pensent qu'à remplir leurs poches, nous voulons un avenir différent qui garantisse un vrai système sanitaire et la création de vrais emplois", a souligné Dana Lauriola, une des leaders du Mouvement No Tav.
Dans le cortège se trouvaient aussi une délégation de maires, des représentants d'organisations syndicales, du parti communiste, des anarchistes, du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), mais aussi des gilets jaunes.
Le 10 novembre, entre 30.000 et 40.000 partisans du projet avaient donné la voix dans cette même ville de Turin, la première manifestation d'ampleur des pro-LGV.
Le gouvernement italien est lui-même divisé sur la question: la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini soutient le projet, tandis que le M5S y est hostile. Il a commandé une analyse coûts-bénéfices dont il attend les résultats avant de se prononcer.