3 octobre 2018
Monsieur le Président de la République
« Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75008 - PARIS
Feugarolles, le 1er octobre 2018
Lettre ouverte à
Monsieur le Président de la République,
LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax-Espagne :
un exemple de « démocratie à la Française » !
2005, année du débat public organisé de façon très confidentielle entre SNCF, élus et proches d’élus. Tout est fait pour que les citoyens, très mal informés, n’y participent pas.
2009, le projet revient sur le devant de la scène : les citoyens en sont informés par la presse.
2014 : après 6 ans d’études et sans réelle concertation, l’Enquête Publique est ouverte pour 2 mois.
Le Gouvernement et nos grands élus nous font croire que, conformément à la loi, nos arguments y seront pris en considération. En vérité, ils savent pertinemment que la décision de poursuivre ce projet est déjà prise.
Les informations fournies au grand public ne lui permettent pas de juger objectivement ce projet : en effet coût, saturation, retombées économiques ont été volontairement falsifiés, tout comme ils l’avaient été auparavant pour convaincre les élus.
Malgré cela, et grâce à un travail extrêmement sérieux des associations, en particulier sur l’alternative du réaménagement de la ligne existante, 15 000 contributions sont venues étoffer le dossier des enquêteurs, 95 % d’entre elles se prononçant contre le projet.
2015 : La commission d’enquête publique émet un avis défavorable : une première en France pour un projet de cette ampleur. Les citoyens ne veulent pas de ce projet.
2016 : Le Gouvernement, s’appuyant sur la démarche démocratique que constitue une enquête publique, a dû mélanger le dossier avec un autre car il déclare ce projet d’Utilité Publique ; dans un souci de vérité, on devrait plutôt dire d’Utilité Politique…
2017 : Le Gouvernement lance les Assises de la mobilité afin de définir les priorités des 10 années à venir pour le transport en France et met en place un Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI). Ce conseil est composé de 16 membres : des députés, des sénateurs, des présidents de conseils régionaux et départementaux, des maires, préfets, ingénieurs et personnalités qualifiées.
N’y cherchons pas de membres d’associations de citoyens, il n’y en a pas.
Le dossier GPSO première tranche (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) est une nouvelle fois saucissonné avec des prévisions allant au-delà de 2037 mais, malgré ces dates, il est présenté comme prioritaire (y aurait-il des raisons politiques de le maintenir ?)…
2018 : Au vu du rapport du COI, le Gouvernement doit présenter un projet de loi sur la mobilité fin octobre en conseil des ministres, puis aux parlementaires.
Le Gouvernement va-t-il céder à la vision du « toujours plus » d’élus et à la pression de lobbyistes au détriment de la vision de bon sens et de responsabilité des citoyens, décision, comme on nous l’assure, issue d’un long processus démocratique ?
À toutes fins utiles, nous vous rappelons la définition du mot « démocratie » :
« Système politique, forme de Gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple. » (Larousse)
Monsieur le Président, toutes les décisions que vous prenez sont apparemment justifiées par le fait qu’elles sont prises dans l’intérêt des Français.
Alors, Monsieur le Président, nous vous demandons de tenir compte des conclusions de l’enquête publique qui reflètent le choix des citoyens et d’annuler le projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax-Espagne.
Si tel n’était pas le cas, et que vous justifiez ce projet par l’intérêt général ou l’utilité publique émanant d’un processus démocratique, ce serait une injure du Gouvernement et des parlementaires aux citoyens.
Redonnez au mot « démocratie » sa vraie valeur.
Dans l’espoir d’être entendus,
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
Le Président de l’association
Charles D’Huyvetter
Copies :
Monsieur le Premier ministre
Madame la ministre des Transports
Présidents des groupes à l’Assemblée nationale et au Sénat
Parlementaires du Lot-et-Garonne