14 septembre 2018 - Réponse "décisions" Elisabeth Borne et les médias
Le 14 septembre 2018
A en croire les médias de ces derniers jours, la ministre des transports Élisabeth Borne
confirme la réalisation de la LGV Bordeaux-Toulouse
Tout d’abord, et pour rester dans le contexte de la situation économique de la France et de la SNCF, des incidents multiples dans le transport ferroviaire et de la vétusté des infrastructures (SNCF, routes, ponts…), la ministre des transports Élisabeth Borne ne pouvait que reconfirmer lapriorité mise sur l’entretien et la maintenance de l’existant.
La ministre des transports a annoncé le 11 septembre les arbitrages du gouvernement en matière d’investissements dans les infrastructures de transport.Elle confirme la priorité martelée depuis plusieurs mois portée sur les transports du quotidien mais elle laisse la porte ouverte concernant les grands projets (manière de laisser le flou et de ne vexer personne)
Or, voici ce que l’on lit aujourd’hui dans cette presse :
« La ligne LGV Bordeaux-Toulouse est sauvée et elle fait désormais partie des priorités du gouvernement. »
« Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice, Montpellier-Perpignan, Roissy-Picardie et Paris-Normandie sauvés ! Enfin sur le papier.
Le gouvernement s’est basé sur le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) présidé par l’ancien député socialiste Philippe Duron pour établir la programmation des investissements de transport. »
« Le gouvernement va programmer 13,4 milliards d’euros sur les cinq prochaines années et 14,3 milliards sur les cinq suivantes afin de maintenir un équilibre entre les ressources disponibles et les investissements. »
Voilà les quelques lignes que va retenir le grand public, ce qui, une fois de plus, lui fait croire que tous ces projet se feront…
La réalité est tout autre !
Nous avons bien compris et depuis longtemps qu’aucune des personnalités du gouvernement ne confirmera que le projet Bordeaux-Toulouse sera annulé. Ce serait, pour leur situation politique personnelle, contre-productif. En effet, elles se mettraient à dos les régions de Nouvelle Aquitaine et d’Occitanie qui ont financé la ligne Tours-Bordeaux dans le but d’obtenir la LGV Bordeaux-Toulouse.
Histoire de renforcée la pression, la région Occitanie évoque d’ailleurs la possibilité d’une demande de remboursement de sa participation à la LGV Tours-Bordeaux dans le cas où la prolongation jusqu’à Toulouse ne se ferait pas, oubliant qu’elle bénéficie déjà d’un gain d’une heure pour relier Paris !
En réalité, la ministre des transports Élisabeth Borne a annoncé 5 programmes d’investissements prioritaires :
- Le premier concerne l’entretien et la modernisation des réseaux routiers, fluviaux et ferroviaires qui bénéficieront d’une augmentation des moyens.
- Le deuxième déjà mis en avant pour la réforme du ferroviaire est la désaturation des grands nœuds ferroviaires.
- Le troisième est le désenclavement des villes moyennes et des territoires ruraux. 1 milliard d’euros sera investi pour améliorer la qualité du réseau routier.
- Le quatrième : développer les mobilités propres et partagées au quotidien. Le gouvernement annoncera dans les prochains jours un plan vélo intégré dans la LOM (Loi d’Orientation de la Mobilité).
- Enfin, le dernier, déjà inclus dans la réforme du ferroviaire, est le renforcement du report modal dans le transport de marchandises.
Dans ces priorités, a priori, ni place ni moyens ne sont donnés à de nouveaux projets de LGV.
Cependant, les médias s’empressent de conclure que les projets Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice, Montpellier-Perpignan, Roissy-Picardie et Paris-Normandie, dont a parlé la ministre, verraient le jour.
Le ministère évoque un phasage proche des scénarios 1 et 2 du COI (Conseil d’Orientation des Infrastructures) avec l’engagement de lancer durant le quinquennat actuel les travaux pour les nœuds ferroviaires, notamment au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse. La suite est plus nébuleuse car rien n’est précisé sur la LGV Bordeaux-Toulouse entre Saint Médard d’Eyrans et Saint Jory).
Rappelons les recommandations du COI pour les scénarios 1 et 2 :
Scénario 1
Phase 1 : nœud ferroviaire de Toulouse et sortie nord Toulouse : 2028-2032
Phase 2 : nœud ferroviaire de Bordeaux et sortie sud Bordeaux : 2028-2032
Phase 3 : ligne nouvelle Toulouse-Agen : 2033-2037
Phase 4 : ligne nouvelle Bordeaux-Agen : après 2037
Phase 5 : ligne nouvelle Bordeaux-Dax : après 2037
Scénario 2
Phase 1 : nœud ferroviaire de Toulouse et sortie nord Toulouse : 2018-2022
Phase 2 : nœud ferroviaire de Bordeaux et sortie sud Bordeaux : 2018-2022
Phase 3 : ligne nouvelle Toulouse-Agen : 2028-2032
Phase 4 : ligne nouvelle Bordeaux-Agen : 2033-2037
Phase 5 : ligne nouvelle Bordeaux-Dax : après-2037
Dans le dossier de presse que trouvons-nous ?
En préambule, le rappel du discours du Président de la République Emmanuel MACRON à Rennes, le 1er juillet 2017 :
« Le combat que je souhaite engager pour les années à venir, c’est celui des transports du quotidien.
La réponse aux défis de notre territoire n’est pas aujourd'hui d'aller promettre des TGV ou des aéroports de proximité à tous les chefs-lieux de département de France, mais c'est bien de repenser, de réarticuler les mobilités du XXIe siècle, la capacité à rejoindre le point le plus pertinent pour une ville qui n'est pas toujours la capitale.
Ce qu'il nous faut penser, c'est autre chose pour demain ; ce sont les investissements pour ces nouvelles mobilités, c'est notre organisation collective pour ces nouvelles mobilités ; c'est les corrections à tous ces dysfonctionnements, ces engorgements qui aujourd'hui gâchent le quotidien de tant de nos concitoyens ».
Nous pouvons également lire dans ce dossier :
« Il est désormais nécessaire d’orienter les investissements de développement dans le transport ferroviaire en priorité vers les déplacements du quotidien et, pour cela, vers la création de capacités supplémentaires dans les principaux nœuds ferroviaires. »
« Une nouvelle approche pour la poursuite des grands projets Tout en tenant compte de ces grandes priorités, le Gouvernement ne renonce pas pour autant aux projets de grandes liaisons interurbaines ferroviaires (améliorations d’itinéraires existants, lignes ou sections nouvelles, matériel roulant, etc.), et aux projets de compléments ponctuels du maillage autoroutier (en particulier pour des enjeux de sécurité routière, de désenclavement, et de congestion). Enfin, le Gouvernement honorera ses engagements européens sur les projets de Canal Seine-Nord Europe et de Lyon-Turin.
Pour répondre à ces projets dans le cadre d’une programmation sincère, le Gouvernement s’inscrit dans l’approche nouvelle proposée par le COI, reposant sur une réalisation phasée des projets commençant en priorité par les opérations concourant d’abord à l’amélioration des déplacements du quotidien.
La discussion se poursuivra avec les présidents de région pour finaliser le phasage et les modalités de chaque projet. »
Dans ce dossier de presse, aucun projet de LGV n’est cité, et il est encore moins question de dates et de sources de financement.
Alors La LGV Bordeaux-Toulouse se fera-t-elle après 2033, 2037 ou 2045 ……. 2060, ou ne se fera-t-elle pas ?
- plus de 30 ans après le débat public de 2005
- 20 ans et plus après la Déclaration d’Utilité Publique
Nous attendons un peu plus de sagesse et de sérieux de nos responsables politiques, en particulier du Président de la République, et qu’ils prennent enfin en compte que :
- le réaménagement technique des lignes existantes permettrait des performances proches (avec suppression des passages à niveau qui, dans tous les cas, devra être réalisée) ;
- le coût serait 4 à 5 fois moins cher que la construction d’une LGV ;
- l’écart de temps pour un Paris-Toulouse entre ligne modernisée et LGV serait de 15 à 30 minutes (selon les scénarios et à condition que les TGV sont directs) et ne nécessite pas un tel investissement.
La majorité des citoyens déplore cette situation de double langage déclarations officielles/interprétation de certains médias, et plus particulièrement les riverains du tracé de cette hypothétique LGV.
Au nom du bon sens, lors de la présentation du projet de loi sur la Loi d’Orientation de la Mobilité en Conseil des ministres en octobre 2018, ce projet doit être clairement abandonné au profit de la modernisation des lignes actuelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne.