30 août 2018 - Sud Ouest
Le ministre était clairement opposé à de nouvelles lignes à grande vitesse. Alors que la loi « mobilités » s’annonce, le curseur pourrait-il bouger ?
La réplique est formulée début juillet 2017, à bord de la rame inaugurale de la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux : « Le plus urgent pour les transports des Français, ce sont les TER, le RER, le métro ». Elle sort de la bouche de Nicolas Hulot, alors tout frais ministre de la Transition énergétique. Elle a du poids, puisque les transports figurent dans le périmètre de son maroquin. Élisabeth Borne n’est que secrétaire d’État.
Sur ce plan, tout le gouvernement récite peu ou prou la même partition à cette époque. Le mois suivant, Nicolas Hulot infléchit quelque peu le discours au micro de France Info. « Construire de nouvelles LGV n’est pas la priorité. Si on avait les moyens, volontiers. Mais on n’a pas les moyens », déclare-t-il alors.
" Ces décisions relèvent du Premier ministre "
Ce credo ne laisse pas indifférent dans le Sud-Ouest, où le prolongement de la LGV sur deux branches, Bordeaux–Toulouse et Bordeaux- Dax – fait l’objet de sévères empoignades depuis des années. La donne pourrait-elle changer avec un nouveau titulaire de la fonction ?« Les grands choix de programmation des infrastructures de transport ne dépendent pas d’un tel ou d’un tel. Ce sont des décisions qui relèvent du Premier ministre », indique-t-on dans les rangs de la majorité présidentielle.
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Selon la Sepenso, "aujourd’hui, seul le manque d’argent est un frein"
Farouchement opposée à la réalisation de la LGV au sud de Bordeaux, la Sepanso (la fédération des associations de défense de la nature du Sud-Ouest) n’entretient pas d’illusions. « Le sujet était déjà revenu sur le tapis dès lors que les grands élus d’Occitanie et d’Aquitaine ont fait le siège des ministères », déplore-t-on au siège bordelais de la fédération.« Aujourd’hui, seul le manque d’argent reste un frein », y ajoute-t-on (1).
Un calendrier très flou
Le calendrier des chantiers d’infrastructures devrait conserver le même socle : le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures – le rapport Duron – bouclé en janvier 2018. Dans un scénario de financement intermédiaire (le plus probable), le document reléguait la réalisation d’une nouvelle voie Bordeaux- Dax à l’après 2038. Il saucissonnait une LGV Bordeaux-Toulouse en deux phases : Agen-Toulouse à partir de 2023 au plus tôt, Bordeaux-Agen ensuite.
Tout ceci devrait être abordé dans la loi d’orientation des mobilités (LOM), attendue depuis plusieurs mois. Mais il n’y a plus grand monde pour risquer une date ferme. Le « nouveau pacte ferroviaire », cause de la longue grève du printemps à la SNCF, a été détaché de l’ensemble et voté dès le mois de juin. « La programmation des infrastructures pourrait être examinée cet automne », s’aventure un parlementaire.
La troisième partie en 2019
Déclinant une large palette de sujets, la loi « mobilités » ne sera pas une mince affaire. Un « plan vélo » aux contours encore indéterminés a été annoncé à sa périphérie. Sur un autre registre, le ministère planche sur l’exclusion des véhicules les plus polluants des centres-villes. Il s’attelle au développement de la filière hydrogène, un combustible alternatif aux produits pétroliers. Ces axes très divers pourraient alimenter un troisième volet de la loi, décidément démembrée. Et n’arriver à l’agenda parlementaire qu’en 2019. Cet empilement fait un peu fouillis, loin du pavé législatif à angles droits qui semblait se dessiner il y a six mois.
Certaines des mesures envisagées vont-elles survivre au départ de Nicolas Hulot et aux coups de rabot budgétaires ? Député LREM du Médoc et chargé d’une mission sur le « plan hydrogène », Benoît Simian se montre serein. « Ma mission procède du Premier ministre. Je rendrai un pré-rapport fin septembre », assure-t-il.
(1) Nous avons tenté de joindre Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine et principal promoteur du projet LGV. Sans succès avant le bouclage.