3 janvier 2018 - Sud Ouest
Élisabeth Borne rencontrera les dirigeants de la SNCF, dont Guillaume Pépy, lundi prochain pour évoquer notamment la refondation du modèle ferroviaire.
Mardi, la ministre Élisabeth Borne comme le président de la SNCF, Guillaume Pépy, ont clairement indiqué que les efforts allaient s’intensifier sur le réseau classique.
Ses propos n’étaient pas calibrés pour ravir Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, ni Carole Delga, son homologue occitane, deux des fidèles zélateurs de la (future ?) ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse. Invité hier matin par Jean-Jacques Bourdin (RMC/BFM), Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, a clairement fait savoir que ses chantiers 2018 étaient ailleurs.
« Nous allons mettre le paquet, non pas sur de nouvelles LGV, mais sur les trains du quotidien », a-t-il dit. « L’État, qui avait lancé beaucoup de lignes de TGV, a corrigé le tir », a continué Guillaume Pépy qui a insisté sur sa convergence de vues avec le gouvernement, Élisabeth Borne – la ministre des Transports – en tête.
Des crédits pour moderniser
Par un heureux télescopage médiatique, ladite Élisabeth Borne a fait passer exactement le même message quelques heures plus tard. « Une priorité aux transports du quotidien », a-t-elle évoqué, ce qui englobe les TER (trains express régionaux), les RER franciliens et les métros. « Je pense qu’on a besoin de plus de ferroviaire dans les métropoles », a insisté l’ancienne patronne de la RATP, la Régie des transports parisiens.
Selon Guillaume Pépy, les crédits consacrés à la modernisation et à la maintenance du réseau classique (hors LGV) atteindront 5,7 milliards d’euros en 2018, un niveau sans précédent. « Oui il y a beaucoup d’incidents », a-t-il reconnu en référence aux pannes et retards qui ont émaillé le mois de décembre, « ils sont largement dus à des retards dans l’investissement sur ce réseau classique ».
De son côté, la ministre a esquissé ce que devrait être une intervention de l’État sur le dossier. La dette de SNCF Réseau, qui devrait atteindre 50 milliards d’euros, « n’est pas soutenable et il faudra que le gouvernement prenne ses responsabilités ». Ce serait d’autant plus normal selon elle que l’Etat, au fil des années, « a aussi orienté ce que faisait la SNCF ». Il ne peut donc se dédouaner complètement du délabrement du réseau ferroviaire.
Élisabeth Borne et les dirigeants de la SNCF, Guillaume Pépy en tête se retrouveront lundi prochain pour évoquer les multiples incidents qui ont empoisonné la vie des voyageurs ces dernières semaines. Et pour évoquer la refondation du modèle ferroviaire, réputé avoir fait la part belle au TGV au détriment du reste. La ministre attend deux rapports d’ici la fin du mois pour l’éclairer.
Revoir le prix des péages
Sur la desserte des villes moyennes par les TGV, un motif d’inquiétude des élus, Guillaume Pépy a rappelé les propos de sa ministre de tutelle. Celle-ci s’était engagée à ce qu’il n’y ait pas d’arrêts supprimés.
Mais sur ce point, le patron de la SNCF a rappelé l’équation compliquée dans laquelle se trouve son entreprise. « On ne peut pas à la fois baisser les prix des billets et desservir toutes les gares tout en payant de tels péages ». La SNCF règle un péage à Lisea, le concessionnaire privé de la nouvelle LGV Tours – Bordeaux, à chaque fois qu’elle y fait circuler une rame. Sur les autres LGV, elle acquitte les péages à… elle-même, ou plutôt à SNCF Réseau. Élisabeth Borne est prête à revoir le mode de calcul de ces péages, ce qui commande de trouver des compensations pour SNCF Réseau.
Guillaume Pépy a par ailleurs rappelé que, grâce aux efforts financiers accomplis par les régions, 135 trains neufs seraient mis en circulation cette année en région parisienne comme sur les liaisons TER. Il y a quelques jours dans nos colonnes, Alain Rousset faisait part de son mécontentement sur le sujet. « La Région a acheté 30 rames neuves. Elles ne roulent pas parce que la SNCF supprime des trains », expliquait-il…