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A 65 et LGV : un film choc
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 9 juin 2016 - Sud Ouest ( du 31 mai 2016)

[LEG_LEGENDE_WW]Julien Milanesi fut un membre actif du collectif ARLP opposé à l’A 65.Julien Milanesi fut un membre actif du collectif ARLP opposé à l’A 65. ©

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Chercheur en économie, Julien Milanesi questionne la définition de l’intérêt général dans un documentaire projeté demain soir aux 2 Rio.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISA ARTIGUE-CAZCARRA

Maître de conférence à l'université de Toulouse 3, Landais d'origine, Julien Milanesi fut un farouche opposant à l'autoroute A 65. De ce combat et d'autres portant sur la LGV-GPSO et Notre-Dame-des-Landes, il a fait un film avec la réalisatrice Sophie Metrich, « L'intérêt général et moi ». Il sort demain et sera projeté au cinéma Les 2 Rio en présence des réalisateurs (1) Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

« Sud Ouest » Comment est née cette idée de film ?

Julien Milanesi Au moment où nous avons su que nous perdions sur l'A 65, en 2009. Nous nous étions beaucoup impliqués sur ce projet. Au-delà de la déception, on s'est demandé : qu'est-ce qu'on va faire de ces années d'investissement ? Comment s'en sortir par le haut ? Ce film part de ça, d'une volonté de catharsis.

A 65, LGV-GPSO et aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Pourquoi ces projets en particulier ?

On ne voulait pas refaire le match de l'A 65. Cela n'avait aucun intérêt. En parallèle, le sujet de la LGV émergeait. Et nous suivions Notre-Dame-des-Landes depuis des années. On les a choisis parce que ces trois projets soulèvent des controverses qui font apparaître des visions différentes du monde et nous parlent de l'état de notre démocratie.

Pourquoi l'intérêt général ?

Cette notion est centrale. À chaque fois, des espaces et des habitants sont sacrifiés au nom de ce qui est présenté comme l'intérêt général. Or, quand nous avons combattu l'A 65, nous estimions aussi défendre l'intérêt général. On a donc voulu ouvrir le débat, savoir ce qu'il y a derrière l'intérêt dit public de ces grands projets. Qui décide de l'intérêt général ? Comment ? Il en ressort que c'est le pouvoir qui le fixe.

Pourquoi ces projets ne sont-ils pas d'intérêt général selon vous ?

Prenez l'A 65. Les faits nous ont donné raison : c'est une autoroute vide. Elle était présentée comme une source de développement économique. Plein d'entreprises devaient s'installer le long de son tracé, en Sud-Gironde ou dans les Landes. On les attend toujours. C'est la même chose pour la LGV. Plusieurs études montrent que ces équipements polarisent les activités sur les métropoles et ne font que déplacer, à la marge, des activités déjà existantes. Ils ne créent pas de développement.

Vous interrogez de nombreux habitants opposés à ces projets…

Ces témoignages étaient importants. Ils montrent la douleur d'habitants touchés. Et aussi qu'il ne s'agit pas d'une opposition simpliste parce que cela passe au fond de leur jardin. Ces gens sont entrés dans cette histoire par intérêts particuliers. Mais ils se sont penchés sur les dossiers, les ont travaillés, les maîtrisent et se sont construit une vision d'intérêt général qui juge ces projets inutiles aussi bien chez eux que chez leur voisin.

Côté partisans, ce sont des élus que vous interviewez…

La décision finale est entre leurs mains. Dans le film, on voit ainsi Alain Vidalies et Geneviève Darrieussecq (secrétaire d'État aux Transports et maire de Mont-de-Marsan, NDLR) qui défendent une vision du développement. Nous voulions leur rendre justice là-dessus. Le problème, c'est que leur vision est restée bloquée sur les Trente glorieuses et ne répond pas aux enjeux actuels et à la nécessaire révision du développement économique. Même des experts et hauts fonctionnaires le disent aujourd'hui. On l'a vu avec l'avis défavorable de la commission d'enquête publique sur la LGV.

Vous y croyez à l'intérêt général ?

Oui, j'y crois. Mais je pense que sa définition doit être réformée. L'idée que l'élu, et uniquement lui, est doté de ce pouvoir n'est plus tenable dans une société où les gens sont de plus en qualifiés et informés. Comme le dit l'un des opposants à la LGV dans le film : « On sait lire, écrire et compter ». L'expertise vient aussi de ce côté-là. Ce que beaucoup de « grands élus » ont encore du mal à comprendre. Pour moi, ce sont des malades du pouvoir qu'il faut aider à se soigner. Avec davantage de démocratie directe, ou encore en réformant les commissions d'enquête publique. Elles ne devraient pas être composées que d'experts mais aussi de citoyens. On nous juge capables d'être jurés d'assises et de prendre des décisions parmi les plus difficiles. Pourquoi ne le serions-nous pas pour examiner la pertinence d'une ligne à grande vitesse ?

(1) 20 h 30. Tarifs : 5 et 6,50 €. Projection suivie d'un débat avec la participation de la Coordination vigilance LGV et de la Sepanso.

 
 

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