1 avril 2016 - Sud Ouest
La grande vitesse est attendue à Bordeaux en 2017, mais pas encore à Toulouse. ©
Relier Bordeaux à Toulouse et à Dax coûtera 9 milliards d’euros. De nouvelles pistes de financement ont été évoquées jeudi. Il y a urgence
Toulouse ne lâchera rien. La Ville rose et sa région sont mobilisées comme jamais pour obtenir la grande vitesse ferroviaire. Pas question de ce côté-ci de la Garonne de laisser Bordeaux prospérer en solo à deux heures de Paris-Montparnasse à compter de l'été 2017. Dans cette compétition entre métropoles, Toulouse, son aéronautique florissante, sa recherche au top et ses capacités logistiques à faire pâlir d'envie toute l'Aquitaine, est plus que décidée.
L'Agglomération vient de lancer ses premiers d'appels d'offres pour la construction de son Parc des expositions XXL, un projet global de plus de 300 millions d'euros. Elle démarre déjà les aménagements autour de la gare Matabiau, où des bureaux et des logements sont prévus, comme s'il était évident que le TGV allait arriver, après la déclaration d'utilité publique de l'entrée ferroviaire au nord de la ville, actée au mois de janvier de cette année.
Au total et sur vingt ans, près de 1 milliard d'euros d'investissements publics et privés sont envisagés autour de la gare. Toute ressemblance ou similitude avec le quartier Euratlantique de Bordeaux, qui recevra la LGV l'an prochain, est absolument volontaire. « C'est à notre tour d'être reliés à la grande vitesse ferroviaire », a plaidé jeudi matin à Toulouse Jean-Louis Chauzy, le président de Conseil économique, social et environnemental de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et infatigable militant des prolongements de la LGV vers Toulouse et Montpellier.
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Régions et Agglomérations
L'équation est simple : pour construire la LGV de Bordeaux jusqu'à Dax et Toulouse, il faut d'abord que cette ligne nouvelle bénéficie d'une déclaration d'utilité publique du ministre des Transports, Alain Vidalies, qui est landais. Et ce en dépit de l'avis défavorable de la commission d'enquête publique.
Il n'y avait visiblement aucun doute dans l'esprit des 300 décideurs présents jeudi. Le projet aura ce sésame administratif au mois de juin. Mais il faut aussi trouver 9 milliards d'euros aujourd'hui, et en tout jusqu'à 10 ou 12 milliards d'ici au début effectif des travaux, peut-être en 2020. Et c'est là que le bât blesse. Le coût de l'infrastructure avait justement achevé de conforter les commissaires enquêteurs dans leur avis négatif.
Les débats de jeudi visaient justement à dégager de nouvelles pistes de financement. Les idées pleuvent. Mais les caisses publiques se vident, l'endettement supplémentaire de SNCF Réseau (sa dette avoisine les 40 milliards d'euros) pour financer de nouveaux projets est impossible, et les collectivités locales autres que les Régions et les Agglomérations ne mettront plus la main à la poche : « Nous devions mettre 480 millions d'euros dans ce projet ferroviaire, mais ils seront infinançables demain », a clairement exprimé Georges Méric, le nouveau président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, qui est loin d'être le Département le plus démuni de France. Il ne sera plus fait appel au financement de 58 collectivités locales comme pour la construction de la ligne Tours-Bordeaux. L'accord est unanime sur ce point.
L'appel à des financements privés des majors françaises du BTP a été évoqué. Elles étaient jeudi dans la salle. Le recours à des fonds souverains, pourquoi pas chinois, aussi. « Nous avons des contacts sérieux », a assuré Jean-Louis Chauzy. Mais le partenariat public-privé, à la mode Lisea, s'il a le soutien d'Alain Juppé, ne plaît ni à Alain Rousset, ni à Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, ni à Carole Delga, la présidente de la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : « Nous voulons un pilotage public, c'est très clair », a-t-elle indiqué jeudi. Elle plaidera le dossier à l'Élysée dans quelques jours.
Taxe sur les poids lourds
Alors, comment faire ? Solliciter davantage l'Europe, qui pourrait, juridiquement, apporter 20 % ou plus des financements. Ce qui permettrait d'obtenir un prêt significatif de la Banque européenne d'investissement dans le cadre d'une nouvelle phase du plan de relance Juncker. Mais Bruxelles est moins réticente aux partenariats public-privé que les présidents des Régions du Sud-Ouest. La proposition d'emprunter sur une longue période, cinquante ans, comme pour la construction du métro à Paris jeudi ou pour les projets d'investissements publics du Grand Paris aujourd'hui, a été l'idée la plus neuve.
Les Régions travaillent à la création d'une taxe sur les poids lourds en transit international, à défaut d'écotaxe, projet idéal pour ce type de financement. Mais il faut une modification de la loi en France. Une meilleure valorisation, dans le financement du projet, du patrimoine de la SNCF, voire des gares qui bénéficient des retombées économiques de la ligne nouvelle, a aussi été évoquée. Mais il faudra convaincre Guillaume Pepy, le président de la SNCF, qui est un négociateur coriace. Un comité des financiers de la ligne pourrait être organisé d'ici à l'automne.
Officiellement, la LGV sera à Toulouse en 2024. Et à Dax en 2030. Il ne manque que 9 milliards.
- cathie47
il y a 9 heures- 02/04/2016 à 00h13
La Commission d'enquête publique a donné un avis défavorable, une première remarquable et remarquée pour ce type de projet, reflétant l'opposition massive de la population des territoires traversés.
Les finances publiques sont au plus mal, les impôts au plus haut.
La rentabilité de ce projet plombée par avance, les performances technologiques dépassées (cf. le Japon...), le réseau existant délabré et dangereux.
Les services publics manquent de tout en milieu rural, surtout d'argent, et se dégradent.
Même pas grave tout cela, la décision est politique ! Allons-nous laisser les politiques continuer à nous mener dans le mur ?
Réveillez-vous braves gens, sachez qu'on pourrait faire presque aussi vite et à tellement moins cher en modernisant la ligne existante...
ALERTERRÉPONDRE
5633
il y a 9 heures- 01/04/2016 à 23h58
9 milliards pour gagner quelques dizaines de minutes ? En fait sûrement au final 15 milliards ? Le tout vendu avec tant de force ? Est-ce que cela ne profitait pas à quelques uns ?
ALERTERRÉPONDRE
calasanz
il y a 9 heures- 01/04/2016 à 23h55
Je n'arrive pas à comprendre l'intérêt de cette ligne Bx/Toulouse..Comme je suis sur le secteur , et que je vois le lamentable fonctionnement des TER, il me semble que quelque part, on se fiche de nous.
Et de toute façon, il faudra doubler le prévisionnel.
ALERTERRÉPONDRE
Azidium
il y a 12 heures- 01/04/2016 à 21h03
Encore de la corruption d'élus locaux : quelques petites enveloppes dans les poches, et c'est parti pour la LGV.
ALERTERRÉPONDRE
Tederic
il y a 14 heures- 01/04/2016 à 19h33
"coûtera 9 milliards d’euros"... Je préférerais que Sud-Ouest emploie le conditionnel : "coûterait 9 milliards d’euros" : sinon c'est considérer que ça va se faire ; or ça parait impossible (heureusement !) : même si l'Europe apporte 20% du financement, qui apporte les 80% ?
PPP : ça se passe mal pour Tours-Bordeaux, et si les trains sont moitié vides, il faudra déjà que l'argent public bouche le trou.
Faire payer les camions internationaux ? Je ne vois pas le rapport avec le TGV qui assure du trafic voyageurs (mais enfin on en a vu d'autres...)
Ponctionner la SNCF ? "Ils" (les gouvernants de notre république quasi-bananière qui ne respecte pas les contre-pouvoirs ni les conseils de Sages) vont encore essayer, mais à force de tirer sur la corde, elle casse...
ALERTERRÉPONDRE
invité
il y a 18 heures- 01/04/2016 à 14h52
pourquoi n'utilise-t-on pas les rames Pendolino d'Alsthom qui utilisent les voies standard donc à moindre frais !
http://www.alstom.com/fr/press-centre-francais/2014/12/le-pendolino-dalstom-debute-son-exploitation-commerciale-sur-le-reseau-polonais/
Nous n'aurions pas à pater des entreprises étrangères pour réaliser nos infrastructures spécifiques aux TGV !!!
ALERTERRÉPONDRE
Orian
il y a 20 heures- 01/04/2016 à 13h31
Et entre temps ils ont plus de chauffeurs pour un ter Bordeaux langon!!mdr !
ALERTERRÉPONDRE
Pénéloppe
il y a 20 heures- 01/04/2016 à 13h16
Les coûts annoncés sont sous évalués, comme toujours dans ces grands travaux pharaoniques, 12 à 15 milliards semble une estimation plus réaliste. Tout cela au détriment des lignes existantes.... Et en détruisant 4600 ha, une paille !
Aller dépenser autant d'argent que nous n'avons pas est totalement scandaleux.
De plus, les déboires de Tours Bordeaux devraient inciter à revoir les ambitions.
Mais quand donc nos élus comprendront-ils ?
ALERTERRÉPONDRE
Scott33BX
il y a 22 heures- 01/04/2016 à 11h07
Je comprends Toulouse ! Mais j'ai l'impression que c'est au détriment du Sud-Gironde ! Il veulent le TGV quitte a massacrer toute une région (Voir le rapport de la commission d’enquête) et ils se disent Hommes Politiques !!
Au fait, et la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) ?? Chantiers de modernisation de la ligne jusqu'en 2026 !! Cette ligne existe, qques aménagements et des TGV pourront y passer et le Centre sera heureux en plus !!
ALERTERRÉPONDRE
Daria Vinault
il y a 22 heures- 01/04/2016 à 10h59
Tout ce fric pour le TGV
Et à côté, les lignes régionales périclitent.
On s'en fout, ces dernières ne concerne que les villes de province, pas Paris, ni les grandes métropoles régionales.
Et pour financer le tout, on fait des emprunts et on augmente le prix du billet au km. parcouru pour tout le monde