1 juin 2010 -Sud Ouest -Par JEAN-PAUL VIGNEAUD
Aucun changement au sud de Bordeaux. Contrairement aux souhaits des viticulteurs, la ligne à grande vitesse ne contournera pas totalement la zone d'appellation des Graves.
La LGV sud n'évitera pas les vignes. Elle devrait même en détruire une dizaine d'hectares. PHOTO GUILLAUME BONNAUD
Pas de surprise hier lors du Copil, le Comité de pilotage des « Grands Projets du Sud-Ouest ». À la sortie de Bordeaux et dans le Sud-Gironde, la ligne à grande vitesse sud ne contournera pas la zone d'appellation des Graves. Au grand dam des viticulteurs qui pensaient avoir été entendus et comptaient sur un ultime revirement de situation.
À hauteur de Saint-Médard-d'Eyrans, Ayguemorte-les-Graves et Beautiran, c'est le fuseau le plus à l'est de l'autoroute A 62 qui a été retenu. Les viticulteurs réclamaient pour leur part un passage à l'ouest de l'A 62, le tracé selon eux le « moins dommageable pour l'activité viticole ».
« Une seule propriété »
Lors du point presse qui ponctuait la réunion de travail à la résidence préfectorale Vital Carles, Dominique Schmitt, préfet de région, s'est dit malgré tout satisfait. Pour lui, toutes les remarques et suggestions formulées par les élus et professionnels de la viticulture ont été prises en compte.
« Une seule propriété sera réellement touchée », dit-il en affirmant que la question soulevée a fait l'objet d'une étude très fine et rare à ce niveau de concertation. « Pour voir les conséquences du passage de la LGV dans la zone concernée, la future ligne a été pratiquement tracée. On sait aujourd'hui où elle pourra passer et précisément l'impact qu'elle aura dans le paysage. En partie enterrée, elle s'intègrera totalement et ne cassera pas l'image du vignoble à l'entrée sud de Bordeaux. »
Le préfet affirme aussi que les autres souhaits des viticulteurs ont été pris en compte comme le maintien des liaisons entre les propriétés, la préservation des secteurs AOC non plantés et un frein aux éventuelles envies d'urbaniser à tour de bras cette sortie de Bordeaux remaniée à l'occasion de la création de la LGV.
9 hectares condamnés
Selon les études fournies par Réseau Ferré de France lors des réunions de travail avec les élus et les organisations professionnelles, 9 hectares de vignes seront détruits par le passage de la ligne (sur les 5 000 que compte la zone d'appellation) et les châteaux d'Eyran, Saint-Jérome, Méjean, le Tuquet et Haut-Selve seraient les seuls touchés.
Le domaine le plus pénalisé dont Dominique Schmitt a parlé hier sans le citer serait Château Méjean, avec environ 5 hectares détruits, les deux tiers du domaine planté (voir ci-dessous).
Le tracé le moins cher
Pourquoi ce fuseau plutôt qu'un autre ? Le préfet n'a pas donné d'explications hier. Le meilleur à tous les niveaux soi-disant.
Si l'on se penche sur les dossiers d'étude, on constate surtout que c'est le tracé le moins cher. La solution « est » (retenue) aura un coût de 155 millions d'euros, alors que la solution proposée par les représentants de la profession viticole aurait coûté 200 millions d'euros et la solution ouest 245 millions d'euros.
Pour le reste du tracé en Gironde, Dominique Schmitt indique également que toutes les questions avancées ont trouvé une réponse. Des remarques avaient été formulées par les élus au niveau de Villenave-d'Ornon et de Préchac, par exemple. Plus de problème… Plus d'inquiétude non plus à avoir pour les zones de captage des eaux de Bordeaux. Elles seront protégées.
Le fuseau soumis au ministre
Pour résumer donc, la LGV sud empruntera le tracé de la voie ferrée actuelle de la gare Saint-Jean à Saint-Médard-d'Eyrans. Ce premier tronçon sera cependant élargi : quatre voies entre Bordeaux et Hourcade (une voie de plus qu'aujourd'hui) et trois voies entre Hourcade et Saint-Médard (une voie de plus).
Pour faciliter l'arrêt des TER, une voie à quai complémentaire sera aussi réalisée au droit des haltes de Bègles, Villenave d'Ornon, Cadaujac et Saint-Médard-d'Eyrans.
C'est au niveau de Saint-Médard que la LGV deviendra vraiment LGV avec un tronc commun LGV Hendaye-LGV Toulouse jusqu'à Bernos Beaulac. À partir de là, la LGV Hendaye descendra droit vers le Sud (Captieux) et la LGV Toulouse prendra à l'horizontale la direction du Lot-et-Garonne.
À compter de cette semaine, le site Internet Grands Projets du Sud-Ouest donnera précisément, commune par commune, le fuseau retenu.
Le fuseau arrêté hier par le Copil réuni à Bordeaux n'est pas encore toutefois officiel. Il va être maintenant soumis pour signature au ministère de l'Équipement.