5 avril 2013 - Le Mans.maville

NdlR-TGV-Albret : Il faut se réaliser qu'une LGV coupera les terres en deux et qu'il n'y a pas partout des passages......et ce n'est pas seulement valable pour les agriculteurs...!

Vincent Saudubray sait qu’il ne devra pas compter ses heures pour pouvoir faire fonctionner son exploitation dans les moins mauvaises conditions.© Photo "Le Maine Libre"

Si la ligne à grande vitesse permettra aux voyageurs de gagner de précieuses minutes, elle en fait perdre beaucoup plus à certains agriculteurs et ce n’est pas fini. Exemple à Crannes-en-Champagne.

Mercredi se tenait à Coulans-sur-Gée, l’assemblée générale de l’Association départementale des expropriés de la Sarthe (ADE 72). Le sujet du moment est bien sûr celui des travaux de la LGV et de ses conséquences. Rencontre avec Vincent Saudubray, un agriculteur concerné.

Coupée en deux

Vincent Saudubray exploite une ferme de 92 hectares au lieu dit « Bois-Robert » à Crannes-en-Champagne. « J’ai 40 hectares de prairies permanentes, 21 hectares de vergers avec des pommes à cidre et 31 hectares de culture », résume l’agriculteur. Sur les 40 hectares de prairies évolue un troupeau de 70 têtes.

« Avec la ligne LGV, mon exploitation a été coupée en deux avec 40 hectares au nord de la future voie et 50 hectares au sud », explique-t-il. Ce découpage touche la partie prairie qui se trouve divisée en deux. Et c’est là que les difficultés les plus grandes apparaissent.

Fin de la continuité

« Avant, j’avais une continuité dans mes prairies. On déplaçait 70 animaux à deux et ça ne prenait que 10 minutes », explique l’exploitant avant de préciser « que cela se passait avec de bonnes conditions de sécurité ». 

Vincent Saudubray craint la période durant laquelle le chantier va entrer dans le vif du sujet. « Entre juin et fin novembre, il va falloir passer, avec les animaux, au milieu des engins de chantier. Vous imaginez ! Il va falloir trouver un système avec la mise en place de clôtures provisoires. »

Pour l’agriculteur, « tout cela va représenter beaucoup de temps, beaucoup de négociations et beaucoup de stress. Pour nous, c’est un travail supplémentaire. »

Afin de préserver son lieu d’habitation (la ferme) des nuisances sonores du TGV, en surplomb à cet endroit, l’agriculteur a obtenu gain de cause pour un remodelage du terrain permettant de se protéger au mieux. Rien que pour cela, l’agriculteur n’a pas compté les heures de discussion.

Projets complexes

Conjuguer le fonctionnement d’une exploitation agricole et celui du chantier va nécessiter une nouvelle grosse dépense d’énergie : « Ce sont des projets complexes avec des interlocuteurs divers et nombreux… qui ne permettront pas forcément de trouver des solutions rapides coordonnées et cohérentes; »

C’est cette vie au quotidien près du chantier que craint pour l’instant l’agriculteur, sachant qu’ensuite, une fois les travaux terminés, son troupeau devra emprunter une route départementale et passer sous la ligne TGV. Là encore, les conséquences ne sont pas évidentes en terme de sécurité et de temps. Grande vitesse pour les uns, temps perdu pour les autres...

Bruno MORTIE