Une même ligne contre la LGV
Imprimer

2 juillet 2013 - La Dépêche

«Nous parlons au nom des conseillers généraux qui se sont exprimés contre la LGV» expliquent en chœur Alain Paraillous, Francis Da Ros, Jean-CLaude Guénin et Raymond Girardi. /Photo J.-M.M.

«Nous parlons au nom des conseillers généraux qui se sont exprimés contre la LGV» expliquent en chœur Alain Paraillous, Francis Da Ros, Jean-CLaude Guénin et Raymond Girardi. /Photo J.-M.M.

Conseillers généraux de droite et de gauche réunis sous le même drapeau, celui d’un non à la LGV à la suite des propositions de la commission nationale Mobilité 21 jeudi.

Rare, voire rarissime, qu’un Jean-Claude Guénin (UMP, Casteljaloux) et qu’un Raymond Girardi (Front de gauche, Bouglon) soient d’accord. Mais un sujet au moins les réunit : la ligne à grande vitesse, ou plutôt l’opposition à la LGV. Hier, sur un quai symbolique d’Agen, quatre conseillers généraux de droite et de gauche se tenaient la main pour voir ce TGV annoncé en gare en 2020 partir loin à l’horizon vers les décennies suivantes, selon eux.

C’est leur conviction. Là où d’autres voient le compartiment à moitié réservé, eux voient des sièges à moitié vides. Pour Raymond Girardi, sur la foi des conclusions de la commission Mobilité 21 rendues publiques jeudi dernier, le tronçon Bordeaux-Toulouse de la LGV n’est plus.

Pas d’avis de faire-part sur le décès prématuré de ce projet. Mais pour le même Girardi assisté de Guénin, Francis Da Ros et Alain Paraillous, ce que disent Mobilité 21, le Premier ministre Ayrault et François Hollande samedi condamnent le Grand Projet du Sud-ouest (GPSO). «Le Président l’a dit lui-même, il est inutile pour gagner quelques minutes de continuer à penser LGV (...) La refondation des lignes existantes est la priorité pour eux».

Et ça tombe bien, c’est prioritaire aussi pour ALTernatives LGV, une association d’élus, pour les riverains réunis dans la Coordination 47 et pour 18 des 40 conseillers généraux qui avaient voté contre la participation financière du département en juin 2012. «C’est ce que l’on dit depuis des années», martèle Girardi. À ses côtés, Jean-Claude Guénin joue toutefois les modérateurs : «La Bordeaux-Toulouse n’est pas totalement enterrée, elle est repoussée, et c’est pour cela que nous devons rester vigilants. Ce rapport a confirmé la semaine dernière l’inutilité du projet et l’incapacité de l’État à le financer». Plus de 8 milliards d’€. Le conseil général a dit oui à sa participation pour Tours-Bordeaux (36,40 M€) mais se voit contraint de geler sa participation pour trois ans. Il en a déjà versé un tiers. «Je pense que c’est une première étape vers le désengagement (...) J’avais demandé le retrait pur et simple de cette participation», explique Guénin. Francis Da Ros pense aussi finances. «Au conseil général, on nous demande déjà de serrer les budgets au plus près». Alain Paraillous se souvient aussi. «À une époque, pour Villeneuve, on nous avait dit qu’il ne fallait pas rater le coche et qu’il faut travailler aujourd’hui pour l’avenir. Si la LGV est réellement indispensable dans quarante ans, on verra à ce moment-là.»

Décision du gouvernement attendue le 9 juillet.


Manifestation à Agen

Pour «dénoncer avec la plus grande fermeté les lobbys et les mensonges de Malvy et Rousset toujours accrochés à leur jouet», les opposants à la LGV donnent rendez-vous aujourd’hui en milieu d’après-midi devant la préfecture. Pour s’insurger «contre le gaspillage des deniers publics dans un contexte économique exigeant de la population des efforts.»

et sur le même sujet :

2 juillet 2013 - Sud Ouest

Des élus, dont ceux des cantons sur le tracé Bordeaux-Toulouse, se félicitent des dernières annonces au sommet de l’État.

Les quatre élus revendiquent l’abandon du tracé.

Les quatre élus revendiquent l’abandon du tracé. (photo é. drouinaud)

Quatre élus de deux bords, majorité et opposition, ont fait hier étape en gare d’Agen pour se féliciter des dernières préconisations de la Commission 21 et des déclarations au sommet de l’État, au sujet de la ligne ferroviaire à grande vitesse. Il y avait donc à cet arrêt buffet les conseillers généraux Francis Da Ros, Raymond Girardi, Jean-Claude Guénin et Alain Paraillous, élus sur des cantons impactés par le tracé entre Bordeaux et Toulouse et se revendiquant en porte-parole de 18 de leurs collègues. « Les choses ont radicalement changé et l’idée commune consiste désormais à dire que le GPSO est un projet pharaonique qui ne correspond pas au besoin des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées », a amorcé Raymond Girardi (Bouglon).

Le rapport propose de reporter la construction de la ligne nouvelle à la période 2030-2050, et de mettre l’accent sur la réhabilitation des voies actuelles. « Mais tant que le tracé n’est pas purement et simplement abandonné, nous devons rester mobilisés », a admis Jean-Claude Guénin (Casteljaloux) quand Francis Da Ros (Houeillès) soulignait que dans un contexte d’érosion globale du budget départemental, mieux valait consacrer l’argent à l’aide des Lot-et-Garonnais dans leur ensemble.

Les anti-LGV manifestent aujourd'hui

La coordination 47 pour l'aménagement des voies existantes appelle à "se réunir massivement", aujourd'hui, à partir de 15 heures, devant la préfecture à Agen, tout juste une semaine avant que Jean-Marc Ayrault ne remette ses arbitrages concernant notamment la LGV Bordeaux-Toulouse. "C'est le moment de lui faire comprendre qu'il doit abandonner le projet et engager la modernisation des voies existantes, comme le préconise le rapport de la commission Mobilité 21", indiquent les anti-LGV.

Enterrement de première

Le département a déjà investi 480 000 euros dans ce projet pour un total de 6 millions dépensés dans l’étude du tracé entre Tours et Bordeaux. « On nous dit que ce projet est indispensable pour les années futures, mais attendons d’y être pour voir si tel est le cas », proposait Alain Paraillous (Port-Sainte-Marie).

Et tandis qu’un quarteron de militants du collectif anti-LGV attendait de pouvoir alpaguer les quatre élus, Raymond Girardi, dans un élan d’optimisme fervent, résumait ainsi son état d’esprit : « C’est un enterrement de première classe du projet… » La nature du dossier en particulier et la versatilité de nos décideurs en général rend toujours crédible l’hypothèse d’une résurrection.