Agen. LGV : sur la voie du refus
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26 juin 2012 - La Dépêche

NdlR: TGV-Albret :  à lire aussi l'article dans Le Petit Bleu du 26 juin 2012  , réaction d'un lecteur  

http://www.ladepeche.fr/article/2012/06/26/1386750-lgv-faux-culs-ou-imbeciles.html

Une quarantaine de militants anti-LGV ont installé leur totem gonflable devant le conseil général, avant de lé retirer avant le début de la session vers 9 h 30 hier matin. Ils ont assisté à l'ensemble des débats autour de la ligne à grande vitesse./ Photo
Une quarantaine de militants anti-LGV ont installé leur totem gonflable devant le conseil général, avant de lé retirer avant le début de la session vers 9 h 30 hier matin. Ils ont assisté à l'ensemble des débats autour de la ligne à grande vitesse./ Photo

Une quarantaine de militants anti-LGV ont installé leur totem gonflable devant le conseil général, avant de lé retirer avant le début de la session vers 9 h 30 hier matin. Ils ont assisté à l'ensemble des débats autour de la ligne à grande vitesse./ Photo

Des voix, plus nombreuses aujourd'hui, s'élèvent au sein du conseil général sur la mise en place et le financement (120 à 140 M€) de la ligne à grande vitesse.

En hors-d'œuvre de ce débat, prévu, autour de la ligne à grande vitesse, le président du conseil général, Pierre Camani, confirmait qu'une LGV est, à son avis, «un élément essentiel de l'attractivité des territoires, au développement économique et à la demande croissante de mobilité». Tout en redisant aussi, comme en février, qu'il refusait de participer au financement de Bordeaux-Espagne et Bordeaux-Toulouse (120 à 140 m€), pour cause de budget serré aujourd'hui et, demain, sans doute.

Pas de vote hier soir. «Nous ne sommes pas sollicités pour une décision à prendre» détaille Pierre Camani. Mais les positions allant vers un refus de la LGV et surtout du mode de financement du tronçon Bordeaux-Toulouse sont désormais plus nombreuses.

Utile aux Toulousains…

André Touron (Lavardac) n'adhère pas au projet, Alain Paraillous (Port-Sainte-Marie) va chercher dans l'histoire du canal latéral un motif de refus aussi. Pour Cathy Pitous (Agen) «la priorité reste la modernisation d'un réseau vieillissant et à la rénovation des lignes existantes». Jean-Louis Costes (Fumel) estime que la nouvelle ligne sera «utile aux Toulousains et aux Gersois. La gare nouvelle nous fera perdre celle du centre-ville à Agen». Comme Jean Dreuil (Laplume) Michel Esteban (Astaffort) dit non. Son voisin de Boé, Christian Dezalos, parle d'un coût «exhorbitant» estimé à 5,7 millards d'€ par RFF, 7,8 selon les opposants, présents dans l'hémicycle.

«Chacun, à mon avis, estimera que le département ne pourra payer», estime-t-il. Jean-Claude Guénin (Casteljaloux) affiche ses doutes. D'autres interrogations des élus, sur le tracé dans les Landes de Gascogne (Francis Da Ros, Houeillès). «Des dizaines de voies en Europe ont été améliorées pour augmenter la vitesse», affirme Raymond Girardi, avec la casquette de porte-parole de l'association ALTernatives LGV. Selon l'élu, quatre tronçons seraient privilégiés par le gouvernement Ayrault, «et la Bordeaux-Toulouse ne ferait pas partie des projets».

Avis favorables

Patrick Cassany, en revanche, n'a pas été convaincu de la démonstration des opposants. «Il peut y avoir des débats sur le temps, la rapidité, mais je constate que la plupart des régions de France se battent pour avoir une liaison à grande vitesse. L'intérêt de notre territoire est d'être desservi par une vraie ligne à grande vitesse.»

Même ton de voix chez Jacques Bilirit. «Je ne sais pas dire si la LGV est l'avenir ou pas, mais aménager les voies existantes va accroître les nuisances

[…] La facture n'est, par ailleurs, pas supportable.» Pour Jean-Luc Barbe (Le Mas-d'Agenais) «le mode de financement fera la différence». Pour Michel de Lapeyrière (Damazan) «personne n'a de certitude à trente ou quarante ans. Il faut savoir faire des erreurs[…] Le plan de financement n'est toutefois pas possible. Il faut laisser le nouveau gouvernement s'installer et nous préciser un éventuel mode de financement». Si elle est menée à terme, la LGV doit entrer en service dans dix à douze ans. André Bayle, chef de mission GPSO pour Réseau ferré de France, a une nouvelle fois rappelé que le but de la LGV était de réduire à 3 heures «environ» le temps de transport entre Toulouse et Paris (3h30 avec arrêts intermédiaires) à l'horizon 2025, peut-être. GPSO prévoit 2,4 millions de voyageurs en plus entre Bordeaux et Toulouse à terme, treize arrêts à Agen vers Paris ou Toulouse. La ligne existante n'est pas «en mesure d'apporter une réponse» aux objectifs fixés (régularité, potentiels limités d'amélioration…) et les chiffrages de l'étude adverse sont «surestimés en performance et sous-estimés en coûts», selon André Bayle. Dans la foulée, l'association ALTernatives LGV présentait sa contre-étude sur l'aménagement des voies existantes (environ 2 milliards d'€) entre Bordeaux et Toulouse. Selon ce document, des trains à grande vitesse, sur les voies actuelles aménagées, permettraient un trajet de 1h36 (sans l'aménagement des abords de Moissac et de Port Sainte-Marie) entre Bordeaux et Toulouse, 49 minutes entre Bordeaux et Agen (37 minutes avec la LGV). Selon Robert Claraco, l'un des auteurs de l'analyse. «la réalité du report modal entre le ferroviaire et l'aérien est à moins de trois heures. Or, Paris-Toulouse est annoncé à plus de trois heures». Avec des arrêts à Agen et Montauban, le rail ne peut pas concurrencer l'avion, selon le cabinet d'études.