28 juin 2025 - Le nouvel Obs
Compte tenu du budget 2026, selon nos informations, une nouvelle étude sur le prix des lignes à grande vitesse (LGV) de Bordeaux à Toulouse et à Dax est menée dans les ministères – la prévision à 14 milliards d’euros étant a priori sous-évaluée.
C’est l’un des plus grands projets ferroviaires d’Europe… avec un budget à la hauteur de son ambition : le coût des deux nouvelles lignes de train à grande vitesse (LGV), devantrelier Bordeaux à Toulouse en 2032 et à Dax en 2037, est en effet estimé à 14 milliards d’euros – dont 5,6 milliards à la charge de l’Etat, c’est-à-dire l’équivalent du budget annuel du ministère de la Culture. Alors, au moment où le Premier ministre, François Bayrou, va évaluer« chaque euro dépensé »pour juger de leur nécessité, le coût des LGV pourrait bien être scruté.
Et le doute a commencé à s’installer dans le Sud-Ouest. Le directeur de l’agence SNCF chargée du projet Christophe Huau a même tenté de rassurer jeudi 26 juin.« On a tout le financement que l’on souhaite pour avancer au rythme prévu »et« on s’adaptera aux décisions des pouvoirs publics », a-t-il affirmé. Ces déclarations interviennent deux semaines après la révélation d’une note interne de Bercypar « l’Humanité »jugeant« envisageable de réexaminer »des projets comme celui-ci pour faire des économies.Auprès de l’AFP, le ministère s’est limité à souligner que« tout document de travail n’a aucune valeur d’arbitrage ».
Le contexte de recherche d’économies est pourtant bien propice à un réexamen. François Bayrou a en effet promis de présenter en juillet un plan de retour à l’équilibre des finances publiques, avec l’objectif d’économiser 40 milliards d’euros pour réduire le déficit. Les 5,6 milliards d’euros de la LGV dans le Sud-Ouest pourraient alors l’intéresser. D’autant plus que cette estimation est a priori sous-évaluée : elle a été faite« à titre indicatif »au cours de l’année 2020, avant les dernières années d’inflation.
« Les coûts des LGV dérivent »
Voilà sûrement pourquoi le ministre de l’Aménagement du territoire, François Rebsamen, a été le premier à réexaminer la copie de ces LGV. Il avait convié fin maià l’hôtel de Roquelaure trois opposants au projet, élus dans la Gironde – la maire de Bernos-Beaulac, Jacqueline Lartigue ; celui de Saint-Médard-d’Eyrans, Christian Tamarelle, et la députée MoDem Sophie Mette. A la suite de cette réunion, cette dernièrel’a qualifié sur les réseaux sociauxde« nouveau soutien »dans la demande d’étude complémentaire, notamment budgétaire, qu’elle compte porter devant le Premier ministre.
Il faut« réactualiser les coûts du projet, qui pourraient être revus à la hausse »au vu de l’inflation, avait déjà demandé le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) de la Nouvelle-Aquitaine en février 2023. Et l’instance consultative de citer également unrapportde la Cour des Comptes, daté du 23 octobre 2014, affirmant que les lignes à grande vitesse étaient« non soutenables »budgétairement :« Les coûts des LGV dérivent fréquemment par rapport aux estimations », écrivait alors l’institution.
L’estimation budgétaire de la LGV est bien caduque, a alors acté le ministre François Rebsamen lors de la réunion avec les opposants, selon des sources proches du dossier. La raison ? Elle ne prend pas en compte la forte inflation depuis plusieurs années – autour de 5 % en 2022 et 2023, quand l’étude prévoyait 2 % par an. Le ministre a« reconnu la nécessité d’avoir une nouvelle étude, notamment concernant les coûts », selon Sophie Mette.