LGV Bordeaux-Toulouse/Dax : l’État, au pied du mur budgétaire, pourra-t-il payer sa part du rail ?
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19 mai 2025 - Sud Ouest

LGV Bordeaux-Toulouse/Dax : l’État, au pied du mur budgétaire, pourra-t-il payer sa part du rail ?

Le financement de l’État est assuré pour le début du chantier des AFSB, mais quid pour celui des lignes nouvelles à partir de Saint-Médard-d’Eyrans ?© Crédit photo : Laurent Theillet / SO

Le plan de financement d’un des plus grands projets ferroviaires de France et d’Europe a été décidé en 2022. Reste maintenant aux contributeurs de tenir leurs engagements. L’État, qui doit payer 40% de la facture, n’a pas encore apporté toutes les garanties

 

De 14 à 15 milliards d’euros. Tel est le coût prévisionnel du projet de ligne nouvelle du Sud-Ouest (LNSO). Le devis englobe les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) et au nord de Toulouse (AFNT) ainsi que la création de 220 kilomètres des nouvelles voies rapides Bordeaux-Toulouse et Sud-Gironde–Dax. Le tronçon hypothétique Dax-Espagne est exclu du chiffrage. Fin des travaux estimée entre 2032 et 2037, selon l’avancement du tronçon landais.

Le plan de financement des futures lignes du Sud-Ouest a été validé en 2022 : 40 % par l’État, 40 % par les collectivités locales et 20 % par l’Union européenne.Trois taxes spéciales ont été créées. Ces nouveaux impôts devraient, in fine, rapporter 4 milliards d’euros.

Les caisses de l’État vides

Une minorité de collectivités locales ne paiera pasmaisl’Europe est pour l’instant au rendez-vous. L’heure n’est pas aux messages rassurants du côté de l’État, dans l’ombre du mur budgétaire : « Il n’y a plus d’argent dans les caisses », résume un ministre interrogé cette semaine par « Sud Ouest ». Une autre source proche du dossier confirme ces difficultés : « Le financement de l’État n’est pas encore assuré pour les nouvelles lignes. Pour l’instant, ce sont les collectivités qui prennent le relais. Elles font l’avance de trésorerie. » Jusqu’à quand ?

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Des pistes de nouveaux financements pérennes des infrastructures ferroviaires vont devoir être trouvées pour éviter l’enlisement.Des solutions devraient être avancées lors de la conférence Ambition France Transports dans quelques mois. En cas d’échec, le chantier de la nouvelle ligne Bordeaux-Toulouse, programmé en théorie entre 2026 et 2032, risque de prendre du retard. Mais le projet n’est pas remis en cause, selon Alain Rousset. « Le financement de l’État est lissé dans le temps avec une avance des collectivités », assure le président de la Région Nouvelle-Aquitaine.

La Région a donc mis la main à la poche en attendant que l’État trouve des ressources nouvelles pour tenir ses engagements quant à la partie des lignes nouvelles. Cette convention, décidée au dernier conseil de surveillance de laSociété du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (SGPSO), ne remet pas en cause le plan de financement global. La répartition collectivités-État-Europe reste la même.Le directeur général de la SGPSO, Guy Kauffmann,décrypte : « Le contexte budgétaire national est compliqué mais les objectifs restent inchangés : terminer le chantier de la nouvelle ligne Bordeaux-Toulouse en 2032. »

Cette avance des collectivités a permis de conclure un contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage générale et technique pour l’ensemble du projet. À la suite de la validation de la nouvelle convention de financement, c’estla société d’ingénierie Systra,spécialisée dans les transports publics et dotée d’une solide expertise en grande vitesse ferroviaire, qui a été retenue. D’une durée de neuf ans et d’un montant de 200 millions d’euros, cet accord-cadre permettra à une centaine d’ingénieursd’épauler la SGPSOdans l’ensemble de ses missions à caractère administratif, financier, environnemental et technique.

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