15 avril 2025 - Sud Ouest
14 députés et sénateurs de la région ont créé un pôle parlementaire opposé au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest.© Crédit photo : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
À un mois de l’ouverture de la conférence nationale sur le financement des mobilités, 14 députés et sénateurs de la région ont créé un pôle parlementaire opposé au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest. Ils présentaient leurs intentions à Bayonne ce vendredi 11 avril
Hasard de calendrier ? Vingt-quatre heures après la décision du tribunal administratif de Bordeaux de rejeter, jeudi 10 avril,le référé suspension déposé par quatre associations opposées à la ligne à grande vitesse Bordeaux Toulouse/Dax,des élus de différents départements et partis politiques ont annoncé la création d’un groupe parlementaire, opposé au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest GPSO.
Une délégation du Sénat et de l’Assemblée nationale s’est ainsi réunie à Bayonne, ce vendredi 11 avril, pour redire leur opposition au projet. Ils enjoignent le gouvernement à lancer un moratoire à l’échelle locale, et surtout à miser en premier lieu sur la modernisation du réseau ferroviaire existant.
« Ce ne sera jamais la priorité »
« Nous savons pour cela qu’il faut 100 milliards d’euros. C’est une somme considérable, mais ce n’est pas nous qui le disons, c’est Élisabeth Borne qui l’avait annoncé, insiste le député basque Peio Dufau. Sauf que depuis cette annonce, il n’y a pas eu d’argent mis dessus. Il y a des projets de Service Express Régionaux Métropolitains (SERM), au Pays basque, il y a aussi des projets de RER métropolitains partout en France, pour essayer de favoriser et de faciliter les transports du quotidien », poursuit l’élu abertzale.
14 députés et sénateurs de la région ont créé un pôle parlementaire opposé au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest. B.M.
« L’enveloppe était annoncée à 14 milliards, maintenant on nous annonce plutôt 18 milliards. Pour gagner 20 minutes ? C’est un non-sens »
Faute de financements « suffisants » pour développer les aménagements des mobilités locales, le groupe parlementaire pointe du doigt, en comparaison, le « coût colossal de la LGV ». « L’enveloppe était annoncée à 14 milliards, maintenant on nous annonce plutôt 18 milliards. Pour gagner 20 minutes ? C’est un non-sens », raisonne Peio Dufau. Pour l’élu de la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, « la LGV, ce ne sera pas la priorité. Par ordre, il y a d’abord les trains du quotidien que nous devons développer. »
Consensus parlementaire ?
Pour sa collègue socialiste, Colette Capdevielle, qui dénonce un « anachronisme financier, écologique et social », « si l’on veut être entendu, il faut agir ensemble dans le respect collectif. Il s’agit d’un dossier local très engageant, le travail est important ici, mais la parole commune que l’on peut porter, nous tous, ensemble à Paris, porte beaucoup plus ». Avec 13 autres députés et sénateurs de différents partis, ils demandent ainsi l’arrêt des travaux en cours pour les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), tant que les recours déposés par les associations environnementales ne sont pas « jugés sur le fond ».
En attendant l’examen de tous les recours, le pôle parlementaire réclame un « moratoire » à l’échelle locale
« Malheureusement, on se retrouve devant le syndrome A69. On passe à marche forcée, le bulldozer avance, on se fiche des recours, on se fiche même de l’État de droit », regarde cette fois le député girondin, Loïc Prud’homme (LFI). « On se rendra sans doute compte que les associations avaient raison, et puis, on nous fera des grands cris en nous disant que nous avons déjà engagé des millions d’euros, et donc qu’il est impossible de revenir dessus. » En attendant l’examen de tous les recours, le pôle parlementaire réclame un « moratoire » à l’échelle locale.
Le « non » de la CAPB
En novembre dernier, l’Assemblée nationale avait adopté un amendement portant sur la suppression de la taxe spéciale d’équipement (TSE), liée au Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest. L’amendement avait été porté par la députée LFI de la 12e circonscription de la Gironde, Mathilde Feld, présente à Bayonne, ce vendredi 11 avril. « L’impôt LGV » devait faire peser sur 2 340 communes de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie une partie non négligeable du financement des LGV vers Toulouse et Dax.
Du côté de la CAPB, concernée par le projet de LGV dans sa phase 2 (Dax-Espagne), une délibération contre la LGV avait également été adoptée en 2021, par 144 voix pour, 41 voix contre et 19 abstentions.
À compter du mois de mai, la conférence de financement des mobilités s’ouvrira en deux parties autour des questions de transports. Il sera notamment question du financement du déploiement des projets de services express régionaux métropolitains (SERM) et de la refonte du système de financement des infrastructures de transport.