2 mars 2025 - Médiapart
Si la décision par le tribunal administratif de Toulouse d'annuler l'autorisation environnementale de l'autoroute A69 est historique, c'est notamment parce qu'elle fait suite à une lutte déterminée, qui n'a jamais rien lâché ni concéder aux instances officielles promouvant le projet. Non loin, la lutte contre les LGV Sud-Ouest lui fait écho.
Le tribunal administratif de Toulouse, vient de juger sur le fond l’absence de bien fondé de l’autorisation environnementale de l’autoroute A69.
De fait, pour détruire des espèces protégées, le droit environnemental dit que l’utilité publique n’est pas suffisante. La démonstration d’une "raison d'intérêt public majeur" doit être apportée. Or la rapporteure publique a conclu par deux fois à l’absence de raison impérative d’intérêt public majeur, ouvrant la voie à ce jugement historique.
Les collectifs membres de LGV NON MERCI saluent cette décision et rappellent que c'est bien l'Etat aux côtés des grands groupes de construction qui est aujourd'hui en échec
Au-delà des porteurs du projet, ce jugement est un camouflet pour le préfet Pierre-André Durand. Il a en effet déployé tous les moyens de répression possibles à l’encontre des militant•es qui ont tenté de défendre coûte que coûte chaque parcelle contre les engins de chantier.
Ce jugement vient rappeler que la justice se doit d’être indépendante de l’exécutif puisque c'est l'Etat lui-même qui appuie de tels projets, pris dans un étau entre les intérêts de groupes privés, la fable du désenclavement, et les résistances locales qu'aucun papier administratif ne saurait occulter.
Cette décision montre aussi combien les notions "d'intérêt général" et "d'intérêt public majeur" sont instrumentales et théoriques. Cet intérêt général ne saurait se résumer à considérer les intérêts de quelques-un•es au détriment de des habitant•es et de celleux qui luttent pour décider de la manière de vivre ensemble, sans se faire imposer des choix par une autorité surplombante.
Les luttes connexes A69 et LGV permettent un autre récit, pour l'avenir du Sud-Ouest,que celui des aménageurs-betonneurs
La coordination LGV NON MERCI reçoit ce jugement comme un encouragement à continuer le combat contre le déploiement de lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax : les parallèles avec l’A69 sont nombreux.
Ce projet est largement contesté par la population locale, y compris par des élus locaux tels ces maires sans vrai pouvoir de décision pour contrer ces projets téléguidés depuis les métropoles toujours plus déconnectées des réalités environnementales.
S'il est bon de rappeler les avis défavorables - et répétés - de plus de 90% des habitant.e.s qui s'exprimaient dans l'enquête publique du projet de LGV en 2014 et l'enquête publique environnementale sur les AFSB en 2024, c'est pour mieux souligner que le débat est clos : ce projet ne répond à aucun besoin et ne peut prétendre avoir un intérêt qu'il soit "public" ou "général".
Des travaux qui démarrent pour un projet qui patineet tente de s'imposer dans un horizon houleux où rien n'est joué
De plus, contrairement à ce qu’affirmait récemment le ministre des transports lors d’une session de questions du Sénat au gouvernement, toutes les autorisations de l’Etat n’ont pas été données puisque les enquêtes publiques environnementales des lignes nouvelles Bordeaux - Sud Gironde, Sud-Gironde -Toulouse et Sud-Gironde - Dax n’ont pas eu lieu. Voilà commentnos personnalités politiques instrumentalisent les médias en jouant le jeu du fait accompli.
Comme pour l’A69, les travaux ont commencé au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse alors que des recours juridiques sont en cours contre les AFSB et les AFNT et contre le plan de financement des LGV : ces travaux consistent en des installations de réseaux, quelques défrichages et terrassements, des expropriations, mais encore rien d'irréversible pour la vie du territoire qui sait bien reprendre ses droits.
La répression si violente soit-elle n'empêchera pas ces projets d'être renversés
Comme pour l’A69, les deux préfets responsables des autorisations Etienne Guyot et Pierre-André Durand ignorent les impasses auxquelles mènent leur projet, qu'il s'agisse du risque financier qui pèse sur les collectivités, des enjeux écologiques concernant les habitats d'espèces protégées, ou d'un renoncement à une certaine qualité de vie au profit de cette course effrénée au "toujours plus vite" aveuglant celles et ceux qui ont encore les moyens de se payer des billets de LGV.
Les préfets sont donc en passe de répéter les mêmes erreurs sur la LGV que sur l’A69 : faire une chasse acharnée aux zadistes qui défendent les arbres contre les coupes illégales comme celleux de la Guinguette Vaillante sur le tracé des AFNT, intimider les militant•es par des contrôles d’identité systématiques, affaiblir les militant•es par les violences psychologiques comme celles induites par les hélicoptères et sirènes entendues la nuit de la mobilisation "Freinage d’Urgence" en octobre. L'Etat en vient à enfermer les militant•es par des nasses et des gardes à vues arbitraires, à expulser de force celles et ceux qui restent, à jeter des grenades, à faire sonner des alarmes pour empêcher de dormir la nuit : n'oublions jamais qui, toujours et encore, s'attaque aux corps.
La coordination LGV NON MERCI défend qu’une autre voie est possible, celle du renoncement à ces projets d’un autre âge.