Anti-LGV : la mobilisation en première classe
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7 octobre 2010 -Sud Ouest -Par CHRISTOPHE MASSENOT

Les opposants à la nouvelle ligne ont, de nouveau, martelé leur argumentaire rigoureux mardi à l'espace d'Albret.

Une centaine de participants ont souscrit aux arguments servis par la Coordination. PHOTO CH. M.LGV_sud_ouest_5_oct

Des rangs de chaises vides comme la conséquence de l'effet Borloo. C'est en tout cas par les annonces bordelaises du ministre de l'Écologie, la semaine dernière, que les organisateurs de la Coordination 47 ont expliqué une mobilisation un brin décevante. Mais la centaine de personnes mobilisée a pu constater la consistance de l'argumentaire des opposants à la construction d'une ligne à grande vitesse (LGV) en Lot-et-Garonne.

Une opposition construite et constructive, lancée mardi soir par un film poétiquement touristique sur les merveilleux paysages de l'Albert, qu'on aurait cru filmés, couleurs mises à part, à l'entre-deux-guerres, et bouclée par une citation de René Char : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. » Entre ces deux parenthèses, la Coordination a milité, comme depuis le début, pour le réaménagement de la ligne existante en s'appuyant sur les mêmes points.

Les trains ne s'arrêteront pas

« Un département d'un niveau de pauvreté comme le Lot-et-Garonne ne peut pas se permettre pareil investissement. Construire une ligne neuve coûtera 8 milliards d'euros, contre deux à investir pour adapter l'actuelle. Un aménagement qui permettra aussi de travailler pour une meilleure intégration de la voie dans les traversées de Port-Sainte-Marie, Marmande ou Tonneins… », a expliqué Claude Semin, qui l'a rappelé mardi soir : « Tous les habitants du département paieront des impôts pour la LGV. »

Voilà pour le socle. Les membres de la Coordination, qui annonce un grand rassemblement à Agen pour le samedi 13 novembre, ont aussi souligné que le gain de temps dégagé par la nouvelle voie ne saurait être une justification suffisante à sa construction.

« Les trains entre Toulouse et Bordeaux n'auront pas le temps de rouler à leur vitesse maximale, surtout s'ils doivent s'arrêter à Agen. Agen où, il faut le dire, le positionnement de la gare sur la rive gauche créera une perte de temps pour les usagers du nord de la Garonne. À moins, bien sûr, que cela se passe à Agen comme cela se fait dans les autres villes moyennes : que le train ne s'y arrête pas », a poursuivi Claude Semin.

Pour un moratoire

Les opposants, qui dénoncent les « incohérences de Réseau ferré de France » (RFF) dans les documents édités pour défendre le projet, « notamment en faisant état de la saturation du trafic et en surestimant le volume de passagers et donc la rentabilité », ont demandé aux élus présents de ne plus accorder le moindre centime pour la LGV.

« Avant les résultats d'une étude indépendante sur le réaménagement de la ligne actuelle, nous demandons un moratoire à RFF », ont encore plaidé les tribuns d'un soir, qui ont aussi expliqué que cette ligne, à condition qu'elle voie le jour, coupera en deux le territoire de l'Albret, pénalisant outrageusement les connexions entre les uns et les autres. Les hommes d'abord, les animaux ensuite.