Accord tripartite pour la création de la LGV du Sud-Ouest de l'Europe
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9 juin 2010- L'express.fr

La France, l'Espagne et le Portugal ont signé une déclaration d'intention pour développer ce projet prioritaire européen. Une société commune en charge du projet devrait voir le jour.

A l'occasion de la Conférence sur les Réseaux Transeuropéens de Transport (RTE-T) qui s'est tenue les 8 et 9 juins à Saragosse, Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat chargé des Transports, Jose Lopez Blanco, ministre espagnol du Développement et Antonio Mendoça, ministre portugais des Transports, ont signé une déclaration d'intention sur le projet prioritaire européen n°3 (ou PP3), nommé « Axe à grande vitesse du Sud-Ouest de l'Europe».

Cet accord permettra de coordonner plus efficacement à l'avenir l'ensemble des différentes sections de la ligne à Grande Vitesse du Sud Ouest de l'Europe, notamment les sections transfrontalières. En effet, le «PP3» de l'Union européenne relève plus de la notion de corridor ferroviaire que d'un projet de ligne à grande vitesse classique et homogène, comme Paris-Bruxelles par exemple. De fait, l'axe à grande vitesse du Sud-Ouest de l'Europe, se compose non seulement de différents projets nationaux mais il mêle également ligne existantes et lignes en projet. Ainsi, sur sa branche Atlantique, le PP3 englobe les lignes à grande vitesse Tours-Angoulême-Bordeaux, Bordeaux-Dax et Dax-Vitoria/Bilbao. Sur sa branche Méditerranée, l'axe réunit les lignes Madrid-Barcelone-Figueras-Perpignan ; Perpignan-Montpellier;Nîmes-Montpellier et la section Poceirao-Caia pour la connexion entre l'Espagne et le Portugal.

Pour réaliser cet immense puzzle, le coordonnateur européen du projet, Carlo Secchi _ dont le mandat entamé en juillet 2009 court jusqu'à juillet 2013, _«sera associé à toutes les discussions bilatérales», précise le communiqué. Précision utile. Dans son rapport remis en août 2009, le prédécesseur de M.Secchi, le Français Etienne Davignon, pointait les obstacles à lever pour faire avancer ce projet qui a accumulé bon nombre de retards sur certains tronçons (voir document ci-dessous). «L'absence de modèle d'exploitation commun des nouvelles infrastructures pourrait ainsi nuire au succès de ces dernières, voire retarder inutilement leur réalisation. Cet inconvénient peut être évité en ne se limitant pas à examiner uniquement ces seules nouvelles infrastructures, mais en prenant en compte également les synergies/complémentarités entre ces dernières et les autres infrastructures existantes (...). Dans ce contexte, je crois fermement, que la valeur ajoutée du coordonnateur sera maximisée s'il peut développer -en étroite coopération avec les gestionnaires d'infrastructure et les opérateurs potentiels -une approche globale qui inclut à la fois la nouvelle infrastructure, mais aussi l'infrastructure existante ».

Son message semble avoir été entendu puisque les ministres des trois pays concernés demandent aujourd'hui «la création entre la SNCF, la RENFE et la CP d'une société commune entre la France, l'Espagne et le Portugal, à l'image de l'Eurostar et du Thalys entre la France, le Royaume-Uni, le Benelux et l'Allemagne».

Avec la crise enfin, nul besoin de souligner qu'il devient impératif de trouver de l'argent au-delà des seules ressources budgétaires des Etats concernés. Là encore, l'accord tripartite annoncé mercredi«souligne l'importance d'un financement européen à ce projet, puisqu'il est essentiel pour le développement économique et durable de l'Union européenne. Il a d'ailleurs été signé par le Commissaire Européen Siim Kallas en charge des Transports, signal positif dans la perspective des futures négociations sur le budget communautaire 2014-2020», précise le communiqué du secrétariat aux Transports français.

JEAN-MICHEL GRADT, LES ECHOS